Bestiaire ? Il y a beaucoup d'animaux, certes, mais on ne fait souvent que les entrapercevoir. "Lorsque l'idée m'est venue d'embarquer sur mon arche le peuple de mes amis à plume, à poil (...) je pensais que j'allais le faire au gré de mes seules préférences (mais) c'est vers moi (qu'il) me ramenait comme à l'envi."
Un très beau livre, des dizaines de petites histoires, très agréable, très simplement écrit, mais un peu triste.
Grande sensibilité à l'injustice ? Injustice de la guerre de 14, enfer absurde qui a fait d'un jeune homme plein de vie et de promesses un invalide. Sensibilité à la souffrance qui lui donne une empathie pour l'animal ? Et qui le rend capable, étonnamment, de le comprendre ?
Livre aussi qui montre à quel point nos parents vivaient au milieu même de la nature, et à quel point elle faisait leur bonheur, et ils l'aimaient. Ces esprits frustes n'avaient-ils pas une bien plus grande sensibilité face au spectacle de la nature, n'étaient-ils pas de plus grands poètes, sans le savoir, que nos intellectuels de l'écologie qui nous rebattent les oreilles de leurs leçons, alors que, s'ils mettent un pied hors du Quartier latin, c'est pour entrer dans un avion ? Incompréhension d'une société toute gonflée du contentement de soi, mais qui n'a plus d'âme ?