Celle-là, je crois que c'est la première fois que j'en parle. Pourtant, elle est devenue, au fil des années, une référence dans le petit milieu du rock indépendant, chassant de plus en plus sur les terres du mainstream, mais toujours avec ce côté non convenu, ces mélodies et ces sons alambiqués. Annie Clark a décidé de fêter sur ce nouvel album le retour au bercail de son père, après quelques années passées derrière les barreaux pour malversations financières. "Daddy's home", le message est clair. Elle en profite au passage lors d'interviews pour la promotion de son disque pour égratigner le système judiciaire américain, pas afin d'innocenter son père, le sachant au contraire privilégié par rapport à une communauté afro-américaine systématiquement accusée dans de nombreuses affaires. Mais revenons à ce qui nous intéresse en premier lieu : la musique. Pourquoi maintenant et pas avant ? Parce que ça devait se faire à un moment donné, cette rencontre. Oui, comment je pouvais jusqu'à présent ignorer à ce point une artiste qui a débuté avec The Polyphonic Spree, a déjà travaillé avec Sufjan Stevens ou David Byrne, et a choisi comme pseudo St. Vincent ? Ce nouveau disque est une nouvelle preuve de son talent protéiforme, les chansons sont toutes différentes, mais toutes ont en commun une belle maîtrise mélodique et du son. On pense aux classiques soul et glam des années 70, au David Bowie - ah, tiens, tiens, une piste ? - de "Young Americans" mais avec des arrangements plus modernes. Annie Clark fait partie de ces êtres pour qui tout semble facile, couler de source, à l'aise avec son époque, ces êtres un peu énervants, caméléon, avec une capacité d'adaptation à toute épreuve, capables en tant qu'auteur-interprète d'embrasser n'importe quel style sans y perdre son âme. C'est sans doute pourquoi sa musique m'avait quelque peu rebuté jusqu'alors. Sur ce "Daddy's home" le titre "My baby wants a baby" est une reprise à peine déguisée de "9 to 5 (Morning train)" de Sheena Easton, plus connu chez nous par la version de Sylvie Vartan ("L'amour, c'est comme une cigarette"). Difficile de s'enthousiasmer avec de telles références, donc. Il y a des rencontres qui ne s'expliquent décidément pas.
2.13.0.0