Album - Individual Friends - Individual Friends
Starman Records
NOPO
INDIVIDUAL FRIENDS 2021
En 2004, 'Blow' de Ghinzu me coupe le souffle et que dire de leur prestation tempétueuse à Art Rock 2010, d'une intensité rare?
Individual friends associent 12 artistes bruxellois dont Kris Dane et Mika Nagazaki Hasson, respectivement claviériste et bassiste de Ghinzu.
Cette sortie en est marqué douloureusement car dédié à la mémoire de Sanderson Poe, contrebassiste de Ghinzu, décédé subitement aux États-Unis en 2013.
Une amitié de de vingt ans réunit les artistes, concerts à l'avenant, et finit par se concrétiser sur ce disque spontané et instinctif (entamé en 2017).
L'équipe :
Isa Guccio voix et samples
Manu Low voix, guitare, batterie
Bai Kamara Jr voix, guitare acoustique
Matt Watts voix
Jef Mercelis Voix, synthé
Gered Stowe Voix, guitare rythmique et piano
Jan Ducheyne voix parlée
Mika Nagazaki basse, guitare acoustique
Patrick Clauwaert Batterie et percussion
Teuk Henri guitare
Klara Finder choeurs
Kris Dane choeurs
Frank Pay on drums and percussion
La pochette conçue par Charley Case et Patrick Clauwaert, exprime les relations humaines et l'énergie de l'amitié (enfin, c'est mon interprétation...).
Griffonnées en blanc sur un fond noir, des silhouettes de musiciens, en action, se relient par des fils, passant tous par le même point central qui déclenche une tornade... belle image!
Le nom du groupe s'inscrit furtivement, orienté verticalement à gauche. Un visuel sur internet affichant des visages mélangés et recombinés, confirme la profonde osmose entre les amis.
Quoi de mieux pour présenter ce disque que de commencer par le morceau titre et premier single? D'autant que le groove de la basse de Mika Nagazaki soutenue par la batterie humble de Patrick Clauwaert nous emporte aussitôt...
Une petite pointe discrète du synthé de Jef Mercelis, la guitare rythmique de Manu Low (compositeur), un solo de guitare court par Teuk Henri complètent le paysage tandis que Kris Dane et Isa Guccio assurent les secondes voix.
Le chant de Matt Watts s'accroche paresseusement à la trame jusqu'à l'arrivée de la voix grave parlée de Jan Ducheyne, dans l'improvisation d'un texte poétique (et une danse sur 'A love supreme' de John Coltrane).
Le morceau est donc le fruit d'une collaboration avec le groupe au complet.
'It was 20 years ago
You were easy to find
I'd keep you to myself
If I only had the time
For 20 years now.'
Percussions syncopées pour un titre electro à l'ambiance sud-américaine. 'Chillo', métissé et expérimental, avec une pointe de dub, ressemble à un morceau remixé.
Les paroles sont chantées, par une voix féminine (Isa?) comme des sauts entre les méandres du synthé, le fil rouge restant le groove!
'Your roses', à la mémoire de Sanderson Poe, me fait penser à la reprise de 'Johnny tu n'es pas un ange' par Vaya con Dios.
Le rythme fouetté par une contrebasse slappée et les balais sur les peaux n'y sont, sans doute, pas pour rien.
Le film de la video se déroule, en partie, à l'Archiduc à Bruxelles (repère des musiciens, semble-t-il).
Les guitares tissent une belle mélodie, l'une possède un effet proche d'un son de synthé.
Bai Kamara Jr chante, remarquablement, sa composition, avec une voix chaude et émouvante, en mode crooner.
Une voix fluette se balade sur le doux accompagnement de 'Nothing under the sun'. Les accords caressés à la guitare, la trame de basse décidée, les plaintes au clavier, amènent un sentiment mélancolique.
La combinaison des instruments déclenche parfois une puissante énergie (celle du soleil), à son apogée en fin de morceau déchiré par des cris, stridences synthétiques et notes de piano.
'Regarde' mérite l'oreille. Une grande sensibilité poétique parcourt le morceau bordé de choeurs angéliques.
Une voix flamande prend, ensuite, la parole pendant une longue minute, en contrepied, dans un ton plus dur.
'Wake up' après un rêve fantastique, porte bien son nom, il s'agit du seul rock énervé aux guitares électriques, très court et uniquement en spoken words avec des textes assez délirants.
'Low motion' semble dérouler une vie racontée par une voix chargée émotionnellement. L'intro sombre sous des notes de guitare basse.
Un synthé apporte un peu de légèreté par un gimmick accrocheur. Difficile de ne pas succomber au charme triste de cette chanson.
'Discoteca' passe une espèce de cumbia à la moulinette electro. Le rythme traînant ne dévie pas d'une baguette. La voix féminine plaintive s'écorche sur les saillies de guitare électrique.
'Sail away', ballade vintage, alterne voix de crooner fragile et voix espagnole assurée, sous des choeurs larmoyants. Elle ressemble à un arc en ciel après une averse...
Sur 'White dresses', une voix chevrotante à la Neil Young glisse sur une valse où une lapsteel n'aurait pas fait tache. Piano guitare balancent comme des vagues sous des choeurs légers en écume.
On connait '5 years' ici on monte à 20, le nombre phare pour ce disque, la durée d'une amitié.
Les frappes aux balais enveloppent une guitare lointaine comme un écho, la ligne de basse, ronde, montre la direction.
Au contraire le la voix chantée, la puissance grave de la voix parlée en français contraste, déclamant une belle poésie achevée par une voix féminine en anglais.
Il faut savoir prendre cet album dans le sens souhaité par ses initiateurs, une création amicale et collective où chacun respecte l'autre et lui laisse de la place.
Les compositions délient les langues qui se comprennent, quelle que soit leur nationalité.
Automatiquement, la cohérence ne réside pas au sein de la musique dans tous ses états (au sens large), éclectique et cosmopolite, mais dans un groove ambiant, une complicité et le partage d'une effusion.
'IF', de jolies initiales (rêves floydiens?)! Les belles oeuvres tiennent, parfois, juste à une expression instantanée et la beauté du geste ... quel hommage émouvant!
Enregistré et mixé par Votre Chazam au studio Travail et loisirs à Bruxelles
1-Individual friends
2-Chillo
3-Your roses
4-Nothing under the sun
5-Regarde (for Clara & Emma)
6-Wake up
7-Low motion
8-Discoteca
9-Sail away
10-Whites dresses
11-20 Years