Bonne idée : le texte de Proust et les tableaux qu'il cite sont côte à côte.
Il n'y a pas tant de tableaux que cela, et ils sont assez conventionnels. Il semblerait que Proust ait aimé beaucoup d'autres peintres que ceux qui sont présents ici, mais ils ont eu le tort de ne pas passer à la postérité.
Il se prend de passion pour un "petit bout de mur jaune", qui semble bien quelconque. Il y voit le principe même de son oeuvre, et de sa vie : le peintre a poussé la perfection à soigner le moindre détail. Eh bien, c'est ce qu'a fait Proust : il développait chaque détail, puis les détails du détail... Ce qui l'amène à une très intéressante réflexion, très peu de notre temps : pourquoi ce luxe de détails, alors qu'il ne rapporte rien ? Et si nous naissions avec, en nous, des impératifs altruistes venus d'on ne sait où ?
Proust semble avoir été un homme de son temps. La culture était la principale occupation de la très haute société. L'artiste était un héros, probablement l'équivalent d'une rock star, actuellement. Le grand artiste se devait d'être un grand innovateur. Il n'y avait pas de plus grand titre qu'amateur d'art. Et l'amateur était celui qui décelait les nouveaux talents avant tout le monde. Cela donnait lieu à des joutes entre beaux esprits.
L'intérêt de ce livre ne vient peut être pas des tableaux, mais des textes qui les accompagne. Proust n'a probablement pas tant été un grand esthète qu'un artiste exceptionnel. Un artiste de la perfection du détail.