C’est par relations professionnelles interposées que j’ai découvert cette auteure. Mon collègue m’a parlé de policiers historiques, j’ai vu que les livres étaient inclus dans l’abonnement Kindle… j’ai sauté sur l’occasion.
Grégoire Lefebvre, parfait contemporain de Napoléon Bonaparte, Capitaine de la gendarmerie française, a dû quitter son Auvergne natale, par « mutation forcée », pour rejoindre la caserne de Huy, dans la Belgique annexée, 10 ans après la Révolution française.
C’est donc dans la Wallonie de la toute fin du XVIIIe siècle que se déroulent les récits de ses enquêtes.
Le Serment de haine
C’est à Moha, petit village à proximité de Huy, que le corps sans vie de Nicolas Richelle est retrouvé par son aide-ménagère, en ce mois de juillet 1799. Ce prêtre jureur, ayant accepté de jurer fidélité à la toute nouvelle République française, a été torturé avant de périr. La maison est sens dessus-dessous, tout le monde s’accorde sur la propension du prêtre à s’enrichir. Est-ce pour un simple vol qu’il a été tué? Y a-t-il un lien avec une bande de malfrats ayant sévi dans la région quelques années auparavant? Quel lien a le Chevalier de Mélotte, gentilhomme local, avec l’affaire?
Le Capitaine Grégoire Lefebvre, récemment arrivé de son Auvergne natale, est chargé de l’enquête, mais va se heurter à la méfiance du voisinage et du clergé réfractaire et aux hautes sphères de la région hutoise, dont Richelle semblait proche. Parviendra-t-il à mener son enquête jusqu’à sa résolution?
Un bon roman policier comme je les aime. Une jolie intrigue, différentes pistes et des personnages attachants. Le tout sur fond historique, avec quelques citations en Wallon, qui ajoutent une pointe d’amusement à la lectrice wallonne que je suis. Je le comprends mais ne le parle pas et, ici, je devais lire les phrases à haute voix pour les comprendre (c’est une langue de tradition orale), mais pas d’inquiétude pour le lecteur ne le comprenant pas: tout est traduit dans les notes.
Comme à mon habitude en matière historique, j’ai pu apprendre et vérifier certains faits survenus au cours du récit, telle la crue mémorable de la Meuse survenue en 1799. C’est encore plus édifiant, vu que ça concerne ma région, au sens large puisque je ne suis pas vraiment en bord de Meuse, mais cela reste intéressant, de mon point de vue.
La Peste de Moson
Nous sommes en mars 1800. C’est le docteur Martin Honlet, rencontré dans Le Serment de haine qui nous fait le récit des faits qui sont survenus 3 mois auparavant.
Le Docteur Honlet est appelé en décembre 1799 dans une ferme de Moson, non loin du moulin de son frère, assassiné quelque temps auparavant par une bande de malfrats sévissant dans la région, et où vivent encore sa belle-soeur, enceinte, et ses neveux. C’est le gendarme Philippe Fortaire qui le fait venir, car il pense avoir identifié un cas de peste.
Martin demande à Grégoire Lefebvre de l’escorter jusqu’à Moson, dans la campagne enneigée, afin d’assurer sa protection, au vu des événement survenus, et de lui prêter main forte. Il s’y rend avec inquiétude, même si les conditions pour rencontrer le fléau noir ne lui semblent pas réunies.
Au fur et à mesure de leur présence, d’autres mystères viennent à jour et il faudra toute la sagacité du Capitaine Lefebvre pour démêler les fils de l’intrigue se déroulant devant ses yeux.
Le lecteur se retrouve donc devant une affaire à huis-clos. Que se passe-t-il dans cette ferme, hébergeant des voyageurs? Que s’y est-il passé auparavant? Quel est ce mystérieux mal qui touche certains occupants?
Le style de récit est un peu différent du précédent, puisque c’est un personnage qui est narrateur. Mais, hormis les faits médicaux, il se pose en observateur. Et il s’agit donc bien toujours des aventures de Grégoire qu’on retrouve avec plaisir et nous reprenons le fil de sa vie, quelques mois après le récit précédent.
Quelques personnages historiques font leur apparition dans les souvenirs révolutionnaires de notre capitaine, ce qui n’est pas pour me déplaire – c’est une période qui m’a passionnée, à une époque.
L’Appel de l’ombre
Mai 1800. C’est à Andenne que nous retrouvons Grégoire Lefebvre, débarqué là par hasard.
Après un mois de pluies torrentielles, c’est le retour du marché dans la cité andennaise. Les adultes sont de sortie, ainsi que les enfants qui s’égaient bruyamment.
Pourquoi donc cet affolement autour de la disparition de la petite Louise, 10 ans? Elle doit s’amuser avec ses amis. Pourtant, on se rend vite compte qu’elle reste introuvable. Le brigadier local, Rambeaux, est ravi d’avoir l’aide du Capitaine Lefebvre pour coordonner les recherches.
Qu’est-il arrivé à Louise? Y a-t-il un lien avec les lettres du corbeau qui n’épargne personne dans la petite ville? Avec cette maison isolée dont les habitants restent cachés? Avec la mort de sa grand-mère maternelle survenue quelque temps auparavant? Le voisinage pointe du doigt la maman de Louise, Clarisse, qui n’aurait pas toute sa tête. Qu’en est-il exactement?
Tant de questions auxquelles l’enquête de Grégoire va tenter de répondre.
Ce troisième volet des enquêtes du Capitaine Lefebvre se rapproche plus du premier, en ce sens qu’il s’agit d’un vrai travail d’investigation, quand le deuxième était plus fait de réflexion et d’observations.
Grégoire reste toujours attachant, avec ses forces et ses faiblesses, et c’est avec plaisir que j’ai suivi le cours de son enquête et son dénouement.
J’ose espérer que d’autres aventures de ce vaillant capitaine de gendarmerie restent à venir sous la plume de Catherine Lheureux. Certains événements dont le fil prend cours dans Le Serment de haine restent à éclaircir et méritent à eux seuls l’écriture d’un roman.