Je revenais d’une saison d’ardoises,
De longs hivers à couper au couteau.
Descendre la rivière de ton sang,
Entendre les grillons de tes silences.
Tu ne me connais pas encor. Je suis capable
D’ouvrir des portes verrouillées depuis mille ans,
De rallumer les feux d’étoiles presque mortes.
Je rongeais l’os de mon chagrin.
Je mange le pain chaud, je bois le vin.
J’habiterai chacune de tes vies :
Dans l’une sources, herbe dans l’autre. Pour le feu
Je garderai le dur silex de ma mémoire.
L’étincelle que j’en ferai jaillir
Brûlera tout ce qui n’était pas toi.
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Liliane Wouters (1930-2016) – L’aloès (Luneau-Ascot, 1983)