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Le coronavirus et le changement

Publié le 24 mai 2021 par Christophefaurie

L'épidémie de coronavirus est l'histoire d'un changement mondial. Par essais et erreurs, l'humanité a cherché à s'adapter. Le processus que nous avons suivi ressemble à la théorie du "dégel" de Kurt Lewin. Celle-ci dit que nos comportements sont pilotés par des règles inconscientes. Le changement se produit lorsque ces comportements deviennent manifestement inefficaces. On ne peut pas continuer comme si de rien n'était. Alors, il y a une remise en cause, un "dégel", des règles inconscientes. Il s'ensuit une phase d'expérimentation. Puis, petit à petit, si la situation se calme, les nouvelles règles qui ont semblé réussir sont "congelées". Par ailleurs, il semble que le dégel ne soit pas aléatoire. Il commence par les règles les plus superficielles. Moins l'expérimentation réussit et plus se dégèlent les règles fondamentales et anciennes. 

Théorie et pratique

Que s'est-il passé ? On a eu la phase de négation, la phase confinement, par imitation de ce qui avait été fait lors d'épidémies asiatiques, la phase couvre feu, le déconfinement-progressif-alors-que-les-experts-sont-contre, le gel hydro alcoolique partout, le masque (qui-semble-donner-de-bons-résultats-sans-que-l'on-sache-vraiment-pourquoi), les experts über alles, puis les experts ridiculisés, le professeur Raoult, les vaccins, les anti vaccins, le vaccin OGM, le vaccin thrombose, eh puis zut : je veux sortir quoi qu'il en coûte, et tout cela dans un mouvement mondial remarquablement uniforme, mais sans aucune coordination centrale, les organes prévus à cet effet ayant subi le sort des experts. 

Surtout, nous avons vécu un changement idéologique majeur. De Reagan à Roosevelt ? Après un demi siècle libéral, de marché en libre concurrence, et de "supply chain" triomphante, nous sommes devenus quelque-chose comme nationaux-socialistes. Et voilà, peut-être, un enseignement de systémique que n'avait pas vu Kurt Lewin : les règles ne changent pas au petit bonheur, elles semblent obéir à un "principe" ("l'esprit des lois" de Montesquieu), elles ont une sorte de dénominateur commun. Un changement est avant tout un changement de principe. 

On s'inquiète désormais de "souveraineté". Et on ne parle plus que de "fonds de solidarité". Les entreprises ont été tenues à bouts de bras pour leur éviter une faillite. La population a non seulement découvert le travail à distance, mais aussi le chômage partiel. L'inefficacité de la "bureaucratie libérale" qu'était devenu l'hôpital (et qu'est l'Etat en général) a crevé les yeux. 

Prévoir est difficile, particulièrement l'avenir...

Que va-t-il rester de tout cela ? Un changement de notre inconscient qui se transmettra de génération en génération, dit Kurt Lewin. La structuration en blocs régionaux amorcée il y a une décennie s'est renforcée. Peut être aussi un changement dans l'organisation du travail, et des voyages (en particulier d'affaire), du tourisme, de l'occupation du territoire... Probablement un souci permanent de la pandémie, la recherche inquiète de facteurs annonciateurs, et lors de leur apparition, le retour quasi réflexe de ce que nous avons connu : confinement, masques, etc. 

Bien sûr, tout n'est pas encore joué, le congélateur n'est pas rempli. Beaucoup de choses dépendront certainement de la phase dans laquelle nous entrons : la relance. Tout changement est un bouleversement. Notre pays peut-il en pâtir ? En profiter ?... Et si l'on cherchait a attaquer les épidémies à leur cause ? Voilà qui, quasi certainement, enfoncerait le dernier clou du cercueil du "laisser-faire" de notre demi-siècle libéral. 

En tout cas, notre comportement collectif, mondial, a changé. Il est désormais dirigé par de nouvelles règles. Il est "organisé" différemment. Et c'est là la définition de changement qui intéresse ce blog : un changement de comportement collectif. 


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