Dans un champ de rien, terrain vague de pas grand-chose, adossés aux contreforts du Vercors, nous nous allongeons pour assister au dernier hiver du monde : celui que plus aucun livre d’histoire ne relatera. Côté occident, le soleil couchant est un disque incandescent qui hésite entre plusieurs nuances fauves tandis qu’au-dessus de nos têtes, les missiles sol-sol tracent un quadrillage lumineux qui me rappelle le schéma d’un moteur à quatre temps qu’au siècle dernier un ami passablement éméché avait dessiné avec force détails sur la nappe en papier d’une trattoria de Rimini, au milieu des rires d’une joyeuse assemblée.