Des dizaines de médicaments couramment utilisés, dont des antibiotiques, des antinauséeux et des anticancéreux, induisent un effet secondaire possible, l'allongement de l'événement électrique (QT) qui déclenche la contraction du coeur, ce qui entraîne une arythmie cardiaque appelée syndrome du QT long acquis. Cette équipe multidisciplinaire de l’Université de Washington à Saint-Louis et de l'Université du Missouri vient d’identifier un composé qui peut empêcher cet effet indésirable. Cette étape majeure, documentée dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS), va permettre une utilisation plus sûre des médicaments concernés et une efficacité thérapeutique renforcée, lorsqu'ils pourront être pris en combinaison ou à dose plus élevée.
Les médicaments en question- dont plusieurs ont été retirés du marché, provoquent un allongement de l'intervalle QT du rythme cardiaque, connu sous le nom de syndrome du QT long acquis, ce qui prédispose les patients à l'arythmie cardiaque et à la mort subite. Dans de rares cas, le QT long peut également être causé par des mutations spécifiques dans les gènes codant pour les protéines des canaux ioniques, qui conduisent les courants ioniques qui génèrent la capacité cardiaque. Bien qu'il existe plusieurs types de canaux ioniques dans le cœur, une modification d'un ou plusieurs d'entre eux peut conduire à cette arythmie.
Considérés comme sûrs dans leurs dosages actuels, certains de ces médicaments pourraient pourtant apporter un bénéfice thérapeutique accru à des doses plus élevées, mais le dosage est notamment limité par ce risque d'arythmie. Bien que ce risque soit relativement faible, il est important que les professionnels de santé le prennent en compte, en particulier chez les patients à risque cardiaque élevé.
Une étude d’experts de l’American Heart Association a passé en revue les médicaments qui peuvent causer ou aggraver les arythmies, les facteurs de risque de ces effets secondaires et les options de prévention, de surveillance et de traitement pour les personnes à risque ou qui développent des arythmies médicamenteuses.
Aujourd’hui, cette équipe américaine identifie un composé qui pourrait tout bonnement « lever » ce risque d’arythmie médicamenteuse.
Le composé qui empêche l'allongement du signal électrique du cœur,
nommé C28, non seulement prévient ou annule les effets physiologiques négatifs sur le potentiel d'action cardiaque, mais n’induit aucun changement sur le potentiel d'action normal. L'équipe a sélectionné une cible spécifique, les IK, l'un des 2 canaux potassiques activés pendant le potentiel d'action: IKr (rapide) et IKl (lent). Lorsque IKr est bloqué, il en résulte un QT long, et vous obtenez un potentiel d'action long. Les chercheurs identifient à la fois un site accessible par de petites molécules sur le canal ionique potassium IKr et le composé C28 qui interfère au niveau de ce site, bloque IKr et permet de rétablir le rythme cardiaque.
Il faudra encore de nombreux essais avant de pouvoir utiliser en clinique C28 en combinaison avec les médicaments pouvant entraîner cet effet indésirable et traiter ainsi en toute sécurité les patients à risque cardiaque élevé .
Source: Proceedings of National Academy of Science (PNAS) May 18, 2021 DOI : 10.1073/pnas.2024215118 Modulating the voltage sensor of a cardiac potassium channel shows antiarrhythmic effects
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Équipe de rédaction SantélogMai 21, 2021Rédaction Santé log