Dia dhuit!
Aujourd’hui, j’inaugure une nouvelle catégorie sur le blog, une de celles qui me tenaient vraiment à cœur. Au fur et à mesure de mes discussions d’avec certain.e.s d’entre vous, j’ai pu constater que vous aimiez tous et toutes plus ou moins quand je parlais culture, traditions et autres.
Alors, j’ai décidé de creuser le sujet, et de vous parler des pays anglo-saxons, mais aussi du mien (salut la Gelbique!), à travers la confiture. Pardon, la culture.
Aujourd’hui, je vous propose de partie faire un tour en Irlande, et de parler de la chanson « The Fields of Athenry »!
Slaìnte!
The Fields of Athenry, c’est quoi?
« The Fields of Athenry » est une chanson composée en 1979 par Pete St. John, puis chantée par de nombreux artistes irlandais mais pas que, comme Paddy Reilly en 1982, The High Kings ou encore The Dubliners, dont je vous propose la version.
Quelle est l’origine de la chanson?
Les paroles de la chanson ont pour prémices la Grande Famine irlandaise des années 1840. A cette époque, l’Irlande est encore sous le joug des Anglais, qui taxent les habitants à n’en plus pouvoir. Ils sont taxés sur le nombre de fenêtres de leur maison (‘the daylight tax’), et doivent travailler pour 1p à construire des murs de pierre sèche dans les champs (‘the penny walls’). Pendant plusieurs années, à partir de 1845, les récoltes de pommes de terre se font médiocres à cause du mildiou, et les Irlandais, qui se nourrissent en grande partie de cette racine, commencent à mourir de faim. Dans le même temps, la majorité de la nourriture produite par le pays est exportée vers l’Angleterre.
En sept ans de disette, environ 1 million de citoyens périt; les autres s’en sortent à peine, ou volent pour s’en sortir.
La chanson parle d’un homme, Michael, habitant près de la ville d’Athenry dans le comté de Galway, qui vole « Trevelyan‘s corn », littéralement, « le maïs de Trevelyan« , qui était un administrateur anglais ‘célèbre’ pour avoir annoncé que la Grande Famine était « une façon pour Dieu de punir les Irlandais ».
By a lonely prison wall,
I heard a young girl calling
Michael they have taken you away,
For you stole Trevelyan’s corn
So the young might see the morn,
Now a prison ship lies waiting in the bay
Michael est, comme la plupart des ‘criminels’ de l’époque, envoyé vers les colonies pénitentiaires australiennes, ce qui le sépare de son épouse Mary et de leur enfant, probablement pour toujours.
By a lonely prison wall
I heard a young man calling
‘Nothing matters Mary, when you’re free’
Against the famine and the crown,
I rebelled, they cut me down
Now you must raise our child with dignity
En règle générale, l’Irlande (et surtout l’Ouest et le Sud du pays) connait une perte de 20% de sa population pendant la Grande Famine. Cela sans compter les évictions vers l’Australie, ou l’émigration des familles vers l’Écosse, le Canada, les États-Unis ou encore le Pays de Galles.
Cet évènement terrible est d’ailleurs encore aujourd’hui un point de contentieux entre la République d’Irlande et l’Angleterre, d’autant plus que la Reine Victoria et son gouvernement ont longtemps refusé d’apporter la moindre aide au pays pourtant sous occupation anglaise.
Quand est-elle chantée?
« The Fields of Athenry » est devenue, dès les années 1980, un hymne sportif pour les équipes de Galway, tout d’abord en hurling, puis au football, puisqu’elle est reprise par l’équipe nationale de foot à la Coupe du Monde de 1990.
Par la suite, ce sont les équipes celtiques en règle générale qui l’adoptent comme hymne non-officiel.
En 1991, l’ancien gardien du Celtic Glasgow, Packie Bonner, a l’idée d’inviter l’auteur-compositeur de la chanson, Pete St. John, pour qu’il s’adresse à la foule avant un match hommage. St. John en profite pour remercier la ville de Glasgow, qui a recueilli pas moins de 100.000 réfugiés de la Grande Famine en son temps. Puis, il entonne Fields of Athenry, suivi par des milliers de supporters.
D’autres versions de la chanson sont utilisées de la même manière à Cork (Fields of Bishoptown) et à Liverpool (Fields of Anfield Road); sur le même air, mais avec des paroles adaptées à la ville.
Durant l’Euro 2012, Fields of Athenry connait enfin un succès international de masse. Lors du dernier match de pool contre l’Espagne, l’Irlande est menée, et sait qu’elle sera éliminée à l’issue de la rencontre. Le public irlandais commence alors à chanter à la 83e minute de jeu, puis continue jusqu’à la fin du temps réglementaire. Plusieurs commentateurs choisissent alors de ne plus commenter le match afin qu’on puisse entendre les supporters.
Pendant l’Euro 2016, c’est dans le métro parisien que les supporters irlandais s’époumonent sur la mélodie désormais connue de tous. Les images passent dans plusieurs journaux télévisés européens.
Au cinéma, c’est de façon anachronique que Fields of Athenry peut être entendue dans Dead Poets Society (Le Cercle des Poètes Disparus), alors que le film se déroule en 1959, vingt ans avant l’écriture de la chanson.
Alors? Vous connaissiez?
Personnellement, c’est une chanson que j’ai découverte en Irlande, et qui me met la larme à l’œil à chaque fois que je l’entends…
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Sources:
- Wikipedia;
- Athenry Heritage Centre;
- Irish Central.