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Aimé Séverin Doutha : Amours de larmes

Par Gangoueus @lareus
Aimé Séverin Doutha : Amours de larmes
C’est un recueil de nouvelles venu de loin. Aimé Séverin Doutha est un auteur congolais. il travaille sur la relation amoureuse douloureuse. Je préfère vous prévenir pour que vous soyez préparés pour aborder cet ouvrage. Amours de larmes, donc.Il y a huit nouvelles. La première nous parle d’une femme brisée. Le lecteur ne sait pas trop de quoi il retourne. Elle a le sommeil trouble. Mba. Elle s’appelle Mba. Ngoye, son mari, n’a pas vraiment conscience du mal qui la ronge. Il est présent. Ils ont un enfant en bas age... Une profonde culpabilité la dévaste. Que s’est-il passé ? Mba a été condamnée et subie une peine de trois ans de prison. Pourquoi ? C’est la chute de la nouvelle. Donc, je ne vous dirai rien, si ce n’est que Mba est une femme honnête et travailleuse, victime d’un coup monté particulièrement machiavélique.  Par qui ? Cette nouvelle pose la question de l’arbitraire et du pouvoir de certaines personnes dans des espaces contraints et violents. Quelles conséquences sur l’intime ? Amours de larmes.
Prenons une autre nouvelle. Coeurs racistes. Avec le thème mainte fois traité de l’étudiant africain qui rentre au bled avec une Blanche. Le lecteur que je suis a un peu l’impression que le sujet est dépassé, « oldschool ». Il traite la question du racisme à la sauce africaine par le biais d'une femme étrangère s'heurtant à un clan. De quelle manière ? Au début de cette nouvelle, le personnage principal pense à une femme, Hélène. En robe de mariée. Paradoxalement, de manière très concrète, se tient devant lui une autre femme. Fouti. On peut penser à stade de la nouvelle à un ménage à trois, une relation polygame. Puis le nouvelliste nous brosse l’histoire du personnage principal. L’homme partagé, déchiré par une décision inique, plié par le poids du clan familial. Naturellement, en lisant le reste de la nouvelle, vous comprendrez cette affaire de coeurs racistes. Amours en larmes.
Il est souvent question du milieu étudiant dans ces nouvelles. Des histoires qui se passent sur sites de l’université Marien Ngouabi. Il me replonge dans mes premières années à l’université. Les histoires de PALINs, PALINes, vous savez ces jeunes bacheliers congolais… Aimé Séverin Doutha raconte des histoires d’amours contrariées dans leurs aspects les plus sombres, comme dans Pitoyable baptême, où l’ambiance du bizutage masquant la sélection rude pour passer le filtre de la première année. Elle cache la barbarie et le désir de domination des hommes dans ce milieu sensé ouvrir de jeunes congolais à l’univers. Il est question de viol.  Larmes.
Qui dit amour, dit haine. Qui dit haine, dit pardon ou regret. La déception sentimentale est décrite dans Une palme à l’entrée de la ruelle. Triste nouvelle. L’amour. Des choix. Parfois un peu trop objectifs. Dramatiques. La sécurité plutôt que la passion. Choix incompréhensible ? Pas tant que cela. Alors que dire ? Aimé S. Doutha respecte la ligne directrice de son ouvrage. J’aime aborder un recueil de nouvelles dans cette configuration. On recherche le lien et la chute. Après il y a la question du style, de l’originalité de la démarche de l’écrivain. Et j’avoue qu’au delà des souvenirs d’antan liés aux années fac que ravivent Aimé S. Doutha et la cohérence avec laquelle il traite la relation amoureuse, je n’ai pas été emballé par l’écriture. Une affaire de rythme, je pense. Et peut-être des situations relativement attendues.  
Aimé Séverin Doutha, Amours de larmesEditions Le Lys Bleu, première parution en 2019

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