Le parti au pouvoir a dû faire usage de méthodes fortes pour faire reculer les conseillers municipaux frondeurs lors de l’élection du Maire.
Accouchement par césarienne. Eric Niat est le nouveau Maire de la Commune de Bangangté. Il a été élu à l’issue de la session extraordinaire du conseil municipal tenue mercredi 19 mai dernier. Seul candidat en lice, il a bénéficié de 21 des 39 suffrages valablement exprimés, contre 18 bulletins nuls. Il succède au poste de premier magistrat de la ville, Jonas Kouamouo décédé. Son élection est ainsi l’épilogue d’un feuilleton qui aura riche en rebondissements. En effet, jusqu’à la veille de conclave décisif, les factions qui s’affrontaient semblaient avoir accordé leurs violons. Au terme d’une rencontre de conciliation tenue samedi 15 mai 2021, Eric Niat et Célestine Ketcha Courtès, présentés comme les chefs de file de différentes factions antagonistes, avaient posé tous souriants aux côtés de quelques chefs traditionnels de la Commune de Bangangté. Ceux qui, à partir de cette photo abandonnant relayée, avaient hâtivement déduit du retour de l’accalmie, ont vite déchanté.
Contre toute attente, après l’obtention du désistement d’abord Jean Lambert Tchoumi, puis d’Evelyne Nana qui s’étaient jetés dans la course au mépris du verdict des consultations internes au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), donnant vainqueur Eric Niat, un autre candidat allait sortir de l’ombre. L’annonce de la candidature de Robert Nyangang a fait sursauter le Préfet du Ndé qui pensait que le Rpdc avait réglé ses dissensions internes en amont et qu’il n’avait qu’à faire respecter. Après avoir vainement tenté de dissuader celui qui avait sans doute goût du prestigieux poste en tant Maire par intérim, l’autorité administrative se voyait contraint de suspendre les travaux et envoyait les conseillers à une énième concertation. A cet instant, entrait à nouveau en jeu, Clobert Tchatat, chef de la délégation permanente départementale du Rdpc pour le Ndé. L’ancien ministre va s’évertuer pendant plus de 4 heures de temps à expliquer aux uns et autres l’impératif de se soumettre sans rechigner aux résultats des primaires qui donnaient Eric Niat vainqueur.
Jusque-là incompris, il contacte sa hiérarchie qui lui indiquera la démarche à suivre. Clobert Tchatat mobilise à nouveau à plus de 20 heures tous les conseillers municipaux. A chacun, il remettra des formats blancs vierges. Ensuite, il demande aux conseillers opposés à la décision du comité central du Rdpc de rédiger hic et nunc leur lettre de démission qui prendra effet à l’immédiat. Tous embarrassés, aucun conseiller municipal n’osera le faire. C’est ainsi que Robert Nyangang jette l’éponge. Les travaux allaient reprendre et couronner Eric Niat. Au cas où cette méthode ne marchait pas, le Rdpc avait apprend-on, prévu de saisir le tribunal administratif pour exiger l’annulation d’un maire autre que celui choisi par le parti. Les stratèges du Rdpc comptaient présenter comme argument, la signature par tous ses militants conseillers municipaux, d’un engagement sur l’honneur les astreignant de facto au respect strict des décisions prises par le parti.
Elu dans la douleur, Eric Niat est désormais appelé non seulement à œuvrer dans les projets de développement pour conforter ceux qui l’ont soutenu mordicus, mais aussi pour panser la plaie béante au sein du conseil municipal nonobstant les hypocrisies.