L'assurance offre une solution idéale quand frappe une catastrophe naturelle et qu'il faut réparer les dégâts qu'elle a causés. Hélas, les procédures d'indemnisation prennent généralement des mois, délais incompatibles avec l'urgence qu'affrontent les victimes. Aux États-Unis, Dorothy élabore une parade face à cette faiblesse structurelle.
Ouragans dévastateurs, incendies sauvages, pluies torrentielles…, autant d'événements, de plus en plus fréquents en raison des dérèglements climatiques, qui laissent tant de citoyens sans abri après avoir vu leur logement détruit ou, à tout le moins, rendu inhabitable par les éléments déchaînés. Or, quand le désastre intervient, même les mieux protégés sont parfois contraints de retarder les travaux de remise en état, dans l'attente de dédommagements suspendus à des expertises et autres décisions administratives.
La réponse des fondateurs de Dorothy consiste « simplement » à anticiper les paiements à venir – qui arrivent en moyenne entre 6 et 12 mois après le sinistre – et à avancer rapidement la somme correspondante aux personnes affectées de manière à leur permettre d'engager les chantiers nécessaires immédiatement et ainsi reprendre le cours ordinaire de leur vie au plus tôt. Notons que le même principe est en outre décliné à l'intention d'une cible professionnelle, pour les locaux industriels et commerciaux.
Afin de concrétiser sa promesse, la startup met en place une expérience utilisateur exceptionnellement fluide. Si elle invite les consommateurs intéressés à créer (gratuitement) leur compte avant d'être directement touchés, en fournissant les informations essentielles sur leur situation, leur propriété et leur contrat d'assurance, c'est pour garantir sa réactivité ultérieure. En effet, une fois ces formalités accomplies, elle affirme être en mesure de traiter les sinistres (presque) instantanément, sans frictions.
Car, au moment crucial, Dorothy prend le relais, automatiquement. En amont, dès que survient un cataclysme, elle exploite des informations publiques et des données issues de capteurs distants dans le but d'évaluer les dommages subis. Lorsque le dossier complet est validé, elle procède au règlement de l'indemnité estimée et, en parallèle, entame les démarches de déclaration auprès de l'assureur. Elle prend en charge la totalité de la relation avec ce dernier, jusqu'au versement final sur lequel elle se rembourse.
Le modèle se positionne de la sorte à la rencontre de l'assurance et du crédit : d'un côté, il se substitue aux experts des compagnies dans l'analyse du préjudice (avec un avantage de volume sur le créneau particulier des catastrophes naturelles), de l'autre, il prend la forme d'un prêt adossé à une rentrée d'argent future (dans des circonstances où les acteurs traditionnels s'avèrent souvent frileux). L'ensemble est soutenu par une approche économique triviale, reposant sur une commission sur les montants financés.
En vérité, Dorothy constitue l'exemple typique d'une jeune pousse qui ne devrait pas exister. Entre son activité cyclique, théoriquement imprévisible mais devenant viable « grâce » au réchauffement de la planète, et la logique qui voudrait que les assureurs sachent eux-mêmes répondre aux attentes de réactivité de leurs clients, ce qui est d'ailleurs le cas chez ceux qui, comme Esurance, ont la plus grande maturité d'innovation, elle a pourtant identifié une lacune de l'industrie, qui ne demande qu'à être comblée.