Courage, fuyons

Depuis une terre étrangère, le 21 juillet, notre petit père du peuple s’est bruyamment et élégamment félicité d’avoir été sacré Grand Harangueur du Congrès. Trois jours plus tard, il avait semble-t-il déjà commencé des vacances amplement méritées. Il aurait certes pu aussi annoncer de son lieu de vacances la nouvelle carte militaire de la France que, dans sa grande sagesse, il avait décidée mais, avec un courage que vous avez sûrement remarqué, il a préféré déléguer cette tâche à son premier Ministre.
Il est certain que, comme le répète notre premier Ministre, « le rôle de l’armée n’est pas l’aménagement du territoire ». Mais il faut bien constater que les garnisons y ont toujours participé. Destinées à protéger nos frontières, elles ont surtout été implantées dans le Nord et dans l’Est, régions qui ont ensuite sévèrement souffert du rétrécissement de notre tissu industriel. S’il n’incombe pas à l’armée, l’aménagement du territoire est par contre bien de la responsabilité de l’État. Lorsque l’on voit comment nos gouvernements ont su agir après les crises de la sidérurgie et du textile, il convient de les accuser non pas d’imprévoyance mais plutôt d’incompétence.
Serait-il possible aux princes qui nous gouvernent de nous indiquer quels seront, une fois réalisé le plan qui vient d’être annoncé, les effectifs respectifs de l’armée, de la police et de la gendarmerie ? Cela nous permettrait de savoir où se situent, aux yeux du gouvernement actuel, les dangers qui nous menacent.