Des faits constants montrent que la relation entre l’Elysée et l’ancienne Afrique équatoriale française (Aef), est à la croisée des chemins.
Tout se passe exactement comme si les locataires successifs à la présidence de la République française ont une certaine appréhension ou une certaine phobie pour les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Cemac). En commençant par le dernier en poste, on constate que le ciel n’est pas du tout serein entre la France et les six pays de la Communauté. A la mort d’Idriss Deby Itno le 18 avril dernier, alors qu’Emmanuel Macron était aux obsèques du Maréchal à Ndjamena, les chefs d’État de la Communauté en dehors d’Archange Touadera, ont tous boycotté la cérémonie où Macron était la guest star. Deby le bien aimé fils de la sous-région a été inhumé sans l’adieu de ses pairs. Une situation qui n’a pas encore fini d’intriguer les populations dans cette partie de l’Afrique. Depuis l’accession de Macron à la magistrature suprême, il n’a pas encore mis les pieds dans un seul pays de la Cemac, si oui pour venir au deuil du numéro un tchadien. Pourtant, on le voit aller au Burkina Faso, au Mali, en Côte d’Ivoire, au Ghana ou au Nigeria, en évitant soigneusement la Cemac.
Comme si cela ne suffisait pas, voici qu’au sommet international sur l’Afrique ce 18 mai, Macron a rendu la politesse à ses « frères » d’Afrique centrale en refusant de les convier à Paris. A Yaoundé, à Malabo, à Libreville, à Bangui, à Brazzaville où à Ndjamena, il ne fait plus l’ombre d’un doute que le message est passé 5/5 surtout que les pays comme l’Angola et la Rdc étaient du voyage! Pendant que les pays lusophones, anglophones sont conviés, le cœur de l’Afrique est aux oubliettes. Cette relation difficile entre l’Afrique centrale et Paris a commencé de manière ouverte avec Sarkozy.
Rompant avec la tradition des relations bilatérales empruntes de chaleur et de fraternité connues sous un Jacques Chirac, l’ancien maire de Neuilly va se singulariser par une certaine distanciation fondée dans son discours de Dakar le 26 juillet 2007. Sous son ère, Omar Bongo Ondimba, qui était considéré comme le sage de l’Afrique et ami personnel de Jacques Chirac, vivra d’ailleurs très mal les pratiques du nouveau chef d’État, construites autour d’un paradigme de rupture ou de la mort prononcée de la Françafrique. Comme si ce n’est pas tout, Paris a lancé un procès contre les biens mal acquis contre certains palais africains à l’exemple du Gabon, de la Guinée Équatoriale ou du Congo Brazzaville.
De François Hollande à Macron
François Hollande est le président de la transition au sein de la cinquième République. C’est sous son magistère que la césure classique entre la gauche et la droite se sont estompées. Par une politique africaine difficile à cerner en Afrique centrale, on pourrait se contenter de cette phrase assenée par le président Paul Biya au cours d’une visite éclair à Yaoundé. « Ne dure pas au pouvoir qui veut mais qui peut », déclarait-il en mondovision. C’est véritablement Hollande qui fraie le chemin à Macron, sans qu’on sache trop bien aujourd’hui s’il est de la gauche ou de la droite.
Et voici Macron qui donne les insomnies à l’Afrique centrale. De Ndjamena à Libreville, de Brazzaville à Yaoundé, tous sont perplexes et se demandent jusqu’où le jeune président va troubler leurs attentes.
Lui qui réagit sur le Cameroun étant au Nigéria, lui sous qui la diaspora camerounaises et africaine se liguent contre les chefs d’État ! A sa dernière visite en France, les activistes étaient à deux doigts d’entrer à l’hôtel de Paul Biya. Comme on le voit, le ressentiment des capitales des pays de la Cemac est grandissant au moment où en France Marine le Pen compte jouer son va-tout à la dernière élection présidentielle. Un autre point, la présence russe en Rca vient complexifier la donne.