Battement d’ailes

Publié le 18 mai 2021 par Adtraviata

Quatrième de couverture :

Un lieu enchanteur en Sardaigne. sur la colline qui domine la mer, au milieu des terres arrachées au maquis, se tient la maison de Madame, dernier bastion de résistance aux barres à touristes. seule, décalée dans ses robes bizarres cousues main et dans son naïf refus de l’argent, Madame n’est pas conforme. elle dérange, mais pas sa jeune amie fantasque, pas le grand-père moqueur, ni le fils aîné des voisins. eux savent…

Ce livre traîne dans ma PAL depuis très longtemps, je l’ai sans doute acheté dans la foulée de la lecture de Mal de pierres. Sa couverture me plaît beaucoup et je me suis rendu compte que Milena Agus me l’a signé : aucun souvenir et aucune date… c’était peut-être au Salon du livre de Paris ou à la Foire du livre de Bruxelles. Elle a écrit en italien : « Tant de magie et rien ne fait peur. »

Nous sommes en Sardaigne, dans la propriété de Madame, qui résiste envers et contre tout aux promoteurs immobiliers qui veulent acheter ce dernier morceau de maquis du coin pour y construire un village de vacances en béton. « Notre position est 39°9’ au nord de l’équateur et 9°34’ à l’est du méridien de Greenwich. Ici, le ciel est transparent, la mer couleur saphir et lapis-lazuli, les falaises de granit or et argent, la végétation riche d’odeurs. Sur la colline, dans les lopins de terre arrachés au maquis qu’on cultive entre leurs murets de pierre sèche, le printemps resplendit du blanc des fleurs d’amandiers, l’été du rouge des tomates et l’hiver de l’éclat des citrons. «  Malgré l’âpreté des éléments et la difficulté de vivre parfois, Madame vit, Madame se préoccupe des autres, de ses voisins aux nombreux enfants, de ses amants qu’elle tente de retenir. Madame, cet être fantasque et original, cherche à être aimée, elle cherche le bonheur et glisse un rituel de magie dans tous les actes de son quotidien.

Madame subjugue la narratrice, une adolescente de quatorze ans, dont le père est parti et la mère malade. Son grand-père est le meilleur ami de Madame et la raccroche sans doute à la terre quand ses rêves d’amour se fracassent. La nuit, la jeune fille sent autour un battement d’ailes, la présence mystérieuse de son père disparu.

Il y a de la magie, voire de l’ésotérisme, un mélange aussi d’érotisme et de rudesse, une nature qui ne vous donne qu’une envie, celle de goûter au soleil et à la mer sur la côte sarde, limite d’accepter de porter des robes frustes pour goûter les tomates de Madame. Il y a aussi la transmission d’un héritage immatériel fait de nature et de vent, de murets en pierre et de sel de mer, un goût de résistance et de naturel qui vous apaise. Et il est bon de goûter à de tels moments.

« Nous aimons Madame. Difficile de ne pas l’aimer, quand elle nous apporte du pain et des pâtes faits maison, des gâteaux et, en été, des tomates qui ont le goût de quand les adultes étaient petits. Mais nous pensons qu’elle est dérangée, car elle suit une idée fixe, sauver à elle seule la Sardaigne du béton, ne pas vendre, rester pauvre et nous empêcher nous aussi de devenir riches. »

« Ce que je n’aime pas chez Dieu, c’est qu’Il a peut-être tout organisé de la meilleure façon possible, comme dit Leibniz, mais qu’ensuite Il est parti en nous laissant seuls. Alors que j’aimerais qu’Il s’attarde sur le fond de toutes les questions, qu’on puisse discuter avec Lui. »

« Grand père dit que Madame est « l’homme nouveau », l’unique type humain qui pourra survivre à la catastrophe actuelle car elle sait distinguer entre les babioles et ce qui compte dans a vie. Madame doit défendre cet endroit. Et elle le défendra sans violence. Avec sa détermination courtoise. Parce que c’est l’arme du futur. Et le futur, c’est Madame. »

Milena AGUS, Battement d’ailes, traduit de l’italien par Dominique Vittoz, Le livre de poche, 2010 (Editions Liana Levi, 2008)

Première participation au Mois italien  chez Martine.