Après les longues et parfois assez peu palpitantes séances digitales, les fashion weeks majeures - Paris, Milan, New York, Milan - vont enfin retrouver les podiums. La Fédération de la Haute Couture et de la Mode a annoncé ouvrir le bal des empires du vêtement dès le mois de juin dans la capitale française. Car malgré le talent vidéographique de certains créateurs, la force d'une collection ne s'apprécie pas ou mal sur un écran. Le regretté Alber Elbaz se plaignait déjà de l'aplatissement de la mode instagramable à outrance. La mode, ce n'est pas du cinéma, c'est du théâtre, un spectacle vivant qui donne tout son relief à une silhouette pendant le marathon des collections.
Espace d'affrontements socio-esthétiques précieux et pressants, les fashion weeks épinglent les egos d'une jet-set qui claque la bise à la volée (" je t'aime ma chérie, j'adore tes nouvelles rides ") et catéchise les apôtres des tendances ravis de succomber à la prière du style. Ce qui agace les moroses de l'écologie que voue la mode éphémère et versatile aux gémonies (la mode pollue et alors, toi aussi, sinon arrête de transpirer !). N'empêche, l'industrie de la mode demeure un formidable miroir de l'estime de soi et de l'embellissement, et la France un des meilleurs creusets pour faire éclore les talents du monde entier, des surdoués du biais et du droit-fil qui donnent envie de parader sans tragédie dans des envolées de tissu (recyclé bien sûr) qui durent l'espace d'une saison... La mode est vivante, vive la mode !