Septennat des grandes opportunités : Comme le chêne et le roseau dans la tempête ?

Publié le 17 mai 2021 par Tonton @supprimez

Depuis l’élection présidentielle de 2018, la succession de Paul Biya n’a jamais été aussi au-devant de la scène.

Le champ politique est dès lors traversé par des coups de tornade où seuls les élus s’en sortiront. Evocations ! Le dernier coup violent de vent, qu’il soit réel ou fictif, est sorti des entrailles même du pouvoir, comme une tornade en pleine saison sèche ! « Les Famistes », c’est ainsi le nom de baptême de cette redoutable tempête inattendue qui menace de dessoucher les piliers du pouvoir de Paul Biya en 2025 et de s’installer. Jacques Fame Ndongo, la « créature de Paul Biya », son indéfectible soutien, celui qui tient les clés du socle granitique du Sud, la sentinelle de la forteresse imprenable, est jeté dans l’arène par les réseaux sociaux comme un sérieux prétendant à la course vers Etoudi à la prochaine élection présidentielle. L’homme s’en est défendu, apprend-on, d’être lié de loin ou de près à cette initiative mais qui va encore l’écouter au moment où les prophètes, prédisent le tarissement des fidélités en politique (tant du côté du pouvoir que de l’opposition)? Même au cas où cette initiative viendrait de ses adversaires et autres, le timing est savamment orchestré pour faire mouche à une dimension grande échelle.

Premièrement, ce coup de vent violent sème la pagaille dans région natale du chef de l’État qui l’a toujours plébiscité au fil des élections depuis 1982. Jacques Fame Ndongo est le patron politique de la région! A supposer même qu’il avait des intentions présidentielles, le voici donc à présent obligé de les renier sur la place publique, d’affirmer qu’il ne rêve pas et n’a jamais rêvé d’être le successeur de Paul Biya. En deuxième lieu, l’enjeu dans une telle hypothèse serait désormais non seulement de resserrer davantage son soutien à l’homme du 6 Novembre 1982, mais surtout pour les élites de la région de s’épier pour une neutralisation mutuelle. Le fait de projeter Fame Ndongo dans la course, bien sûr à son corps défendant, peut-il être interprété tout autant comme un jeu pour mettre à mal le mouvement des Franckistes qui jurent de porter Franck Biya au pouvoir?

Leadership

Les partisans de ce derniers sont de plus en plus remuants sans que personne ne confirme ni infirme cette opération politique. L’autre coup de vent de destruction considérable viendrait du jeu davantage trouble et confus quand du grand nord du pays, un autre mouvement est déterminé à installer au pouvoir Mohamadou Ahidjo, le fils de l’ex chef de l’État. Son entourage dément aussi, jurant ciel et terre, que ce dernier n’est nullement associé à une telle entreprise. Le silence des acteurs politiques sur ces initiatives en dit long sur la dimension des stratégies ! Comment
comprendre qu’à quatre ans de l’échéance électorale, il y ait cette appétence affichée de succéder à Paul Biya. Durant tout son long magistère, tous ses proches étaient unanimes sur le fait que son leadership ne souffrait d’aucune contestation.

En moins de trois ans après son élection de 2018, comment comprendre que ceux qui soutenaient sans nuance Paul Biya, en soient aujourd’hui à lorgner sans vergogne sur son fauteuil? Du palais rien ne filtre sur la situation physique ou sanitaire du N’nom Ngui. Qu’est-ce qui explique cette agitation? Les lois constitutionnelles qui encadrent la dévolution du pouvoir de l’État sont pourtant bien connues. Beaucoup seraient-ils en train de miser sur la déclaration présidentielle en 2004 qui annoncé mort par une folle rumeur, avait lancé une cinglante réplique en donnant rendez-vous à ceux qui sont empressés de le voir quitter ce monde dans 20 ans à ses obsèques ? La constitution du Cameroun ne laisse aucune place à l’ambiguïté. C’est au Sénat, par ordre de préséance que se jouerait l’intérim. Rien de plus.

De toute évidence, le taiseux sphinx scrute, attendant le premier qui pointerait son nez dans sa surface de pouvoir. Avant d’en arriver là, il plie comme le roseau devant les différentes stratégies par son létal silence. On sait qu’il a plus d’un tour à son arc et pourrait frapper à l’improviste à tout moment. A ce moment, ce n’est plus lui qui subit la tempête, mais il devient tornade pour ses adversaires obligés par un retournement de situation à subir à l’exemple du roseau et du chêne. C’est dire qu’au sein du sérail une guerre cruelle se passe, souterraine, sans que les acteurs et les camps soient clairement définis. En dehors du fils de Paul Biya qui n’a encore dit sur les prétentions qu’on lui prête, les deux autres ont choisi d’abdiquer, de nier. Une stratégie, une feinte pour endormir l’adversaire. A l’allure où vont les choses, avant 2025, il y aura eu tellement des eaux qui auront coulé sous le pont, des chênes déracinés et des roseaux rompus définitivement à l’exercice.

Quid de l’opposition?

Une frange importante de l’opposition, pendant ce temps travaille sur la révision du système électoral en vue des prochaines échéances électorales. Sous les auspices de l’Udc, les partis et non des moindres tels que le Mrc, le Pcrn et le Sdf, pour ne citer que ce quatuor, sont convaincus que si le pouvoir intègre les réformes voulues consensuelles qu’ils vont déposer sur sa table, l’alternance par les urnes deviendra de ce fait une réalité au Cameroun. Mais cette sérénité affichée de l’opposition cache une guerre cruelle visant à décimer ces partis. Le Mrc est sous les feux croisés d’une frange de l’opinion alimentés par la gestion des fonds de l’opération humanitaire Survie. Cette affaire qui défraie la chronique a déjà mis sur le carreau l’alliance entre Maurice Kamto et Christian PendaEkoka. Ils ne s’entendent plus curieusement sur rien. Alors que le premier demande au second son rapport de gestion de compte, le second crie plutôt au détournement des fonds dans les rangs du Mrc.

On lit même qu’il aurait lancé que ce n’est pas le leader de ce parti qui l’a nommé à la tête du comité de gestion de Survie. Comme on le voit, il y a de l’eau dans le gaz entre les deux hommes. Plus encore, les comptes du Mrc sont annoncés gelés par les pouvoirs publics. Une fragilisation en règle. En ce qui concerne le Pcrn de Cabral Libii, la collecte des fonds pour l’achat d’une pirogue dans le Nyong Ekelle, ne cesse de soulever des vagues sur la toile où des officines distillent l’idée selon laquelle le leader de ce parti aurait détourné ces sommes. Une autre confusion pour discréditer ce parti. En ce qui concerne le Sdf, il est tout simplement au bord de l’implosion avec la guerre sans merci et sans fin entre Joshua Osih et Jean-Michel Nintcheu. On attend désormais la décision de la Commission juridique du Nec qui viendra dans un sens comme dans l’autre, jeter le feu aux poudres. Sans conteste, le big bang qu’on redoute aura des répercussions en dehors de ce parti. Quant à l’Udc, elle est en tout temps surveillée comme du lait sur le feu, par tout un appareillage politico-administratif qui lui savonne sans cesse le plancher à la moindre initiative.

Le dernier coup de vent violent est venu du Minat qui légalisé le 5 mai dernier onze nouveaux partis politiques en leur assignant la mission de concourir dorénavant à « l’animation du débat politique contradictoire et constructif ». Une curiosité pour ces nouveaux venus sur la scène politique dont la qualité des services en faveur de l’opposition ou du pouvoir est connue. Une volonté de renforcer les capacités opérationnelles du Rdpc avec des partis satellites ou plutôt une affirmation de construire une Task force de substitution au cas où ? Ceci ne respire pas la sérénité même si très peu au sein du sérail peuvent mettre en doute le niveau de militantisme du patron de l’Administration au sein du Rdpc. Maintenant qu’au sein du sérail tout comme au milieu de l’opposition, il y a ébullition, dans le jeu de succession au pouvoir, tous pour l’instant semblent se neutraliser, les variables et les invariables s’annulent, sonnant de ce fait le tocsin des camps traditionnels. Les saintes Écritures en cela disent la vérité car il y aura beaucoup d’appelés qui vont s’amonceler devant la grille d’Etoudi, mais un seul s’assiéra sur le trône. Les téméraires et les orgueilleux qui ignorent que le pouvoir est aussi un don du ciel seront arrachés par le Zéphyr quand ils se confieront à l’orgueil d’avoir résisté à Aquilon.

Léopold DASSI NDJIDJOU