Johnny Mafia : il n’y a pas que du bon pinard en Bourgogne.

Publié le 17 mai 2021 par Lordsofrock @LORDS_OF_ROCK

GARAGE – Quand les prémices de ce nouvel album sont arrivés jusqu’à nos oreilles, le rédacteur en chef s’est étonné de ne jamais avoir aperçu Johnny Mafia dans les pages du site. Il faut dire qu’avec un boss natif de Saint-Julien-du-Sault d’un côté, et des gus qui proclament “Sens capitale de la Bourgogne” depuis dix ans de l’autre, les œillères étaient de rigueur et les consignes strictes : “pas de ces hippies impies chez nous”. Cette chronique sera donc une entorse au règlement. Vous nous excuserez pour les quelques piques ajoutées après relecture par la haute autorité.

On vous l’a dit, les gars viennent de Sens, pas forcément ultra sexy, mais quand on y pense, les Hives viennent de Fagersta et les Black Keys de Akron. Pas non plus des bleds réputés pour leur côté funky. Après des années de souffrance dans le tiers-monde de l’Yonne, ces quatre jeunes chevelus décident en 2010 de former un groupe de punk garage. Deux albums plus tard et une reconnaissance du public gagnée à juste titre, voici donc “Sentimental”, l’album de la maturité comme on dit. Et si les premières galettes étaient très orientées garage et rock explosif, on note une certaine (r)évolution de leur musique, comme si l’âge leur apportait de la raison. Pourtant, les fameux “Bad Michel” ou “Crystal Clear” du passé résonnent encore sur certains morceaux de cet opus. “Split Tongue” en ouverture ou encore “TV And Disney” s’inscrivent dans cette lignée : des riffs nerveux, de la bière tiède et un peu de place pour un pogo. Mais comme évoqué plus tôt, la vraie révolution c’est ce côté indie limite shoegaze, ces gars là font du rock cradingue en restant propres sur eux. Le genre de types à qui les groupies jettent des petites culottes en criant “Cris mon nom, Johnny !”.

Comment ne pas écouter en boucle la puissante “Aria” et “Trevor Philippe”, hommage à notre ancien premier ministre ? Impossible de ne pas sauter dans tous les sens sur “Refused”, dès les premières secondes, les guibolles ne tiennent plus en place. Une question reste cependant sans réponse. Avec des titres comme “Split Tongue”, “No More Toes”, “On My Knees” et “Nail Gun”, on remarque que le groupe est très porté corps humain, à la limite du fétichisme, pourquoi ? Faut-il y voir un Sens caché ? Les légendes locales comme Emile Louis sont-elles des sources d’inspiration pour ces jeunes gens ?

Ce “Sentimental” est donc un excellent album pour tes oreilles et pour tes genoux (on espère bientôt pouvoir les revoir sur scène hein). On a le droit avec eux à une pointe de sérieux, une touche de second degré et beaucoup de gros son. On te conseille d’ailleurs en ces temps moroses une injection sonore matin, midi et soir. Au final, même s’il n’y a rien de beau à Sens, il y a Johnny Mafia, et c’est déjà très bien, un groupe comme on n’en fait pas assez en France.

Damien Rodrigues

See author's posts