Les Grecs semblent avoir eu la plus grande peur de l'hybris. La démesure. C'est la maladie des classes extrêmes de la société. De ce fait, ils en étaient arrivés à louer le "juste milieu", et la classe moyenne. (Voir article de Jacqueline de Romilly et sa citation d'introduction : "II existe en effet trois catégories de citoyens (μερίδες) : les riches, citoyens inutiles, qui brûlent toujours d'acquérir plus ; les non-possédants, privés des moyens de vivre, qui sont dangereux ; car, faisant la part large à la jalousie, ils lancent des dards redoutables contre les possédants, séduits qu'ils sont par la parole de mauvais chefs. Des trois groupes (μοιρών), celui du milieu fait le salut des cités, en préservant le système que l'État s'est donné".)
Pendant longtemps, nous avons fait le contraire. Il n'était question que de "marge". Elle était, semble-t-il, de deux natures. D'un côté, le "premier de cordée", le "créateur de valeur", de l'autre, l'opprimé. Il y a actuellement apparemment un retour de balancier. On s'intéresse, à nouveau, à la classe moyenne, qui, entre temps, a beaucoup souffert.
Pour les Saint Simoniens, l'aristocratie, les rentiers, étaient des parasites. La marge exploiterait-elle la classe moyenne ? Ou, au contraire, son utilité serait-elle d'apporter un changement à une classe moyenne naturellement conservatrice ? Mais, lorsqu'on lit les travaux de Ph.Kotter sur le changement, on voit qu'il tend à partir plutôt de l'intérieur de l'organisation...
Mystérieux. Les Grecs semblaient penser qu'il y avait une bonne constitution de la société, qui était un mélange de différents régimes. Peut-être, effectivement, que tout est une question de mesure. Il faut de tout pour faire un monde. Le danger est de croire avoir la bonne solution ?