Même en ne considérant que les produits les plus sérieux, proposés par les acteurs les plus sincères, il s'avère souvent difficile de vérifier les qualités réelles des instruments financiers qui nous sont présentés comme socialement responsables. Et, de toutes manières, le débat n'est-il pas biaisé à la base quand l'ISR, supposé définir un standard du domaine, assorti de labels plus ou moins officiels, se révèle être un concept reposant essentiellement sur la spéculation (de titres respectant quelques principes, certes) ?
Aux consommateurs décidés à s'engager pour changer la donne et aux entreprises, historiques ou startups, souhaitant répondre à leur attentes, La Nef montre, depuis sa naissance en 1988, une autre voie (et prouve par la même occasion que, parfois, les meilleures recettes ont déjà été inventées et que l'innovation consiste alors à les adopter). Adossée au Crédit Coopératif pour raisons réglementaires, cette structure atypique est en effet une des rares en France à agir concrètement pour ses valeurs… et à le prouver.
En premier lieu, son approche des problématiques sociales et environnementales, qui figure au cœur de sa mission de coopérative, ne se contente pas d'une logique passive : elle vise, au contraire, à contribuer directement à des projets à impact positif pour la planète. Selon cette perspective, elle distribue donc exclusivement des crédits à des organisations capables de démontrer leur alignement éthique, de l'agriculture biologique à la santé, en passant par les énergies renouvelables, le commerce équitable…
À l'appui de ses convictions, La Nef fait en outre preuve d'une transparence exemplaire. Son rapport annuel [PDF], accessible à ses sociétaires et à l'ensemble du public, offre non seulement une synthèse de la répartition de ses actifs mais également une liste exhaustive des prêts qu'elle a accordés, soit, pour 2020, 459 opérations détaillées – telles que 17 700 euros pour une ferme maraîchère à St Quirc dans l'Ariège ou 5 millions pour la politique écologique du département de l'Aude, en introduisant au passage une dimension de proximité bienvenue – pour un montant total de 114 millions d'euros.
Bien sûr, l'autre versant du dispositif – la source des fonds qui alimente les financements – ne propose aux particuliers que des comptes d'épargne et des comptes à terme aux rémunérations faibles, peu attractives pour ceux qui préfèrent prendre quelques risques pour un rendement élevé. La Nef n'est donc pas le placement idéal pour toutes les circonstances. Mais son modèle, lui, représente une inspiration universelle à l'intention des entrepreneurs qui veulent développer des produits financiers vraiment responsables ainsi qu'un étalon pour quiconque désire que ses économies soient « bien » utilisées.
La Nef étant possiblement lié à un mouvement anthroposophique polémique (l'avantage de sa transparence étant de pouvoir vérifier que ces relations sont aujourd'hui ténues), ne considérez pas cet article comme une recommandation bancaire (ce qui n'est jamais mon objectif, en tout état de cause) mais uniquement comme une démonstration d'une approche qui reste exemplaire…