pic : thierry dubois
un soir d'hiver de deux mil-six
au hasard d'une promenade en voiture
nous avons vu une petite shoe-box
sur la rue de normanville
que nous avons vite fait d'acquérir
et de rénover pour qu'elle soit habitable
c'est à ce moment
que nous avons commencé à vivre
dans la petite-patrie
avec sa grande artère commerciale sur la rue saint-hubert
c'était un quartier ouvrier comme plusieurs autres
qui a toujours abrité de nombreuses familles
c'est encore le cas
et bien qu'elle se soit un peu embourgeoisée
dès le nouveau millénaire
la petite-patrie est très vivante
avec les enfants en ribambelles
qui crient et rient à tue-tête
et les chats qui croisent les chiens
l'homme-chat et moi ne sommes pas de nature sociable
et aimons une certaine intimité
depuis trente-deux ans
la ville m'a procuré cet anonymat physique
et j'adore cela
c'est ma façon de me sentir en sécurité
cela prend du temps avant que l'on s'implique
dans une communauté plus large
que le simple immeuble dans lequel on habite
nous vivons dans la ruelle beau dommage
depuis maintenant sept ans
exactement dans le quadrilatère de la petite patrie
ainsi nommée par claude jasmin
dans sa série des années soixante-dix
tranquillement nous avons tissé des liens avec nos voisins
et participé à des corvées et fêtes annuelles
comme nous n'avons plus d'enfants à la maison
nous nous mélangeons
moins organiquement avec ceux qui nous entourent
il y a évidemment les amis que nous connaissons
qui vivent dans la ruelle
mais avant l'arrivée du printemps
et l'animation de nos cours et les ruelles qui les relient
on croise très peu de monde
on vit dans nos chaumières
j'ai très hâte à demain
alors que je ferai corvée
avec d'autres voisins un peu plus éloignés
à quelques rues d'ici au chsld
dans le cadre des projets participatifs citoyens
conçus à l'invitation de notre arrondissement
ce programme en est à sa troizième année de réalisation
notre milieu de vie a été créé cette année
alors que de nombreux résidents
ont manifesté le désir de s'y impliquer
pour le rendre plus agréable à vivre
plus vert plus sécuritaire
avec un soutien financier de la ville
je ne sais pas si c'est l'effet de la pandémie
le fait que de nombreuses personnes travaillent à domicile
ou le fait que d'autres se sentent plus isolées
qui donnent autant d'entrain à mes voisins
mais nous n'avons pas moins de neuf projets en marche cette année
et je suis si heureuse de m'engager dans ces projets avec d'autres
que j'en ai même perdu la gène
d'aller à la rencontre de parfaits inconnus
ce qui me mortifie d'habitude très rapidement
ce sera vraiment gai et stimulant
et tellement valorisant de faire ma part
c'est un moyen efficace pour m'attacher davantage
à ma petite-patrie.