L’état des lieux de la dégradation des terres dans la région de l’Adamaoua est estimé à une superficie d’environ 3 millions d’hectares.
C’est du moins ce que révèle David Payang, le point focal de la Convention des Nations -Unies pour la lutte contre la désertification et la sècheresse au ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable (Minepded). Inséré entre la plaine soudano-sahélienne au Nord et le plateau dans la forêt humide au Sud, la région de l’Adamaoua jouit des atouts naturels au niveau du climat et des sols. Cependant, depuis bientôt deux décennies, la désertification constitue une menace pour son économie. Les facteurs de la dégradation dans l’Adamaoua sont : les feux de brousse non contrôlés perpétrés par les éleveurs, les chasseurs et les agriculteurs, qui sont très récurrents. Les éleveurs mettent chaque année à la fin de la saison pluvieuse du feu. Ces feux consument toute la couche herbacée au point d’atteindre même parfois les arbustes. Étant donné que le tapis herbacé est dense et abondant, les actions des feux de brousse en saison sèche sont impitoyables sur ces milieux écologiques. “Nous ne pouvons ne pas citer le surpâturage ou les piétinements des vaches qui se traduisent par les passages multiples de bétails sur un même endroit. Et avec ces piétinements, les sols sont décapés et exposés à l’érosion pluviale”, a expliqué l’expert.
L’exploitation artisanale des minerais dans les sous-sols, l’agriculture traditionnelle pour la subsistance avec ses techniques très rudimentaires telles que les défrichements sur des vastes étendues de terre, les brulages des arbres abattus sur des vastes superficies souvent les longs des cours d’eau en vue de cultiver les céréales ou les tubercules contribuent à la dégradation des terres. Les principaux acteurs des défrichements de ces forêts galeries sont des nouveaux migrants. Considérée à raison comme château d’eau du Cameroun à cause de son altitude élevée et de la distribution de ses eaux aux principaux fleuves du Cameroun, l’érosion fluviale dans cette zone contribue à l’extension des berges des cours d’eau qui arrache une bonne partie des terres arables contribuant de ce fait à la dégradation des terres
Par ailleurs, la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification définit la désertification comme : «la dégradation des terres dans les zones arides, semiarides et subhumides sèche par suite de divers facteurs parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines». D’autres facteurs comme le changement climatique, la perturbation spatiotemporelle du régime des pluies, la pauvreté et la faiblesse des investissements publics au niveau de la région concourent à dégrader les terres. « La pression démographique croissante accentuée par les migrations non contrôlées, la perception insuffisante de la menace de désertification, accentuée par les croyances traditionnelles et les freins culturels, l’absence de sécurisation foncière, la mauvaise gouvernance et la faible implication des populations dans les processus de planification et de prise de décision sont autant de problématiques qui contribuent à la dégradation des terres et à la désertification dans la région de l’Adamaoua» a expliqué notre expert environnementaliste.
En effet, la dégradation des terres dans cette partie du pays est de type moyen. D’après le plan d’action national de lutte contre la désertification, la densité de la population relativement faible et les conditions climatiques plus humides réduisent l’acuité du phénomène de désertification dans la zone de hautes savanes guinéennes (Adamaoua). Toutefois, l’avancée du front cotonnier, l’intensification des activités agropastorales et d’exploitation forestière, ainsi que l’importance des feux de brousse (tardifs) montrent l’importance de surveiller étroitement les processus de dégradation dans la zone, qui est également une zone de transition.