La présidence de la République par le biais de son secrétariat général a préparé pendant longtemps au « Labo » le coup de force d’une Task force Cov id-19, avant date pour mettre en touche le gouvernement Joseph Dion Ngute.
Le mauvais vent a fini de souffler. Dans une sorte de surenchère, de lynchage et d’une adversité calculée, une vingtaine de membres de gouvernement, éligibles à la gestion des fonds Covid-19 ont été livrés à la vindicte, à l’inquisition et au tribunal populaire des réseaux sociaux, les points chauds et autres espaces publics. La stratégie lapidaire de criminalisation était bien huilée à l’image des techniques de la « Terre brûlée ».Une liste des ministères et des institutions publiques (avec des faramineuses sommes d’argent supposées encaissées) a été publiée dans les réseaux sociaux au point d’enflammer les foules au sujet des fonds affectés à la riposte contre le Covid-19. Le président Paul Biya, coincé entre le marteau et l’enclume aurait donné carte blanche au « Vice-Dieu ». À son tour, le Minetat/Sgpr a saisi le ministre d’État ministre de la justice, garde des sceaux lui répercutant les directives de Paul Biya demandant d’engager des enquêtes judiciaires contre les coupables des forfaitures de distraction, de détournements, des malversations financières sur la fortune publique.
À première vue on pouvait penser que la présidence de la République avait reçu le rapport de l’audit commandé à la chambre des comptes de la Cour suprême par le premier ministre Joseph Dion Ngute. Mais information collectée à bonne source, le rapport n’était pas encore sur la table du premier ministre pourtant principal commanditaire de l’enquête pour connaître de la gestion des fonds affectés à la lutte contre le coronavirus.Comment ce rapport est parvenu à la présidence de la République sans passer par l’immeuble étoile? Quelques jours après, le Garde des sceaux a saisi le Minetat/Sgpr pour dire qu’il n’avait pas encore reçu les éléments à même de commettre une enquête judiciaire.Est-ce à dire qu’il n’y avait rien au sujet d’un éventuel rapport venant de la chambre des comptes? Le Minetat/Sgpr Ferdinand Ngoh Ngoh voulait-il créer la psychose, semer la panique au sein du gouvernement en instrumentalisant la justice? Rien n’est moins sûr.La diligence et la célérité avec lesquelles le Minetat/Sgpr voulait faire bâcler les enquêtes judiciaires et le châtiment des auteurs presque jugés coupables des différentes forfaitures managériales, étonnent; dans un pays où l’inertie, l’immobilisme et le laxisme sont un sport favori.
Maraboutisme
« En vous faisant tenir ci-joint thermocopie du rapport de la chambre des comptes de la Cour Suprême, relatif à l’objet repris en marge, j’ai l’honneur de vous répercuter les hautes directives du chef de l’État, prescrivant l’ouverture d’une enquête judiciaire contre les auteurs, coauteurs et complices des cas de malversations financières y relevés ». Cette correspondance du Minetat/Sgpr au Ministre d’État, ministre de la justice, Garde des Sceaux en date du 06 avril 2021 qui se voulait sentencieuse laissait entrevoir un cuisant aveu de détournement et des malversations financières sur les fonds affectés à la lutte contre la pandémie du Covid-19.Mais après les langues ont commencé à se délier. En grattant le vernis, il appert que c’est dans les réseaux sociaux que beaucoup de ministres ont appris qu’ils avaient émargé des milliards, mais qui ne sont jamais sortis de la trésorerie ou des paieries du ministère des Finances publiques. De René Emmanuel Sadi à Madeleine Tchuinté, en passant par bien d’autres membres du gouvernement, il s’agissait là de vraies légendes urbaines. Il y en a qui ont reçu les membres de la Chambre des comptes, mais rien ne leur a été reproché. « Où est sorti ce « maraboutisme? Nous avons eu les papiers avec les destinations et le mode d’emploi ; mais l’argent n’a jamais suivi », avoue un ministre. Les motivations, les raisons d’être d’une telle construction restent cachées. Il en est des intentions, les intérêts, les objectifs visés par un tel bruitage venant de la présidence.
Qui peut avoir organisé des mensonges d’État pour pousser à l’indignation, au soulèvement et au mécontentement populaire. L’argent pour la riposte contre le Covid-19 est-il effectivement sorti des caisses? La somme de 180 milliards annoncée est-elle vraie? « La répartition sur du papier n’est pas l’argent. Je conseille la convocation d’une session extraordinaire du Parlement. Tout compte fait, il suffit de saisir les paieries et demander le listing de ceux qui sont passés à la caisse. On saura qui a touché quoi », lance un ministre; indigné et révolté de se voir manger dans toutes les sauces.
L’art de la dérision et du grand bluff
Des jours sont passés. L’actualité sur les prétendus détournements et distractions des fonds Covid-19 s’est estompée. La diversion a fait long feu; juste pour quelques jours. Le peuple naïf et spectateur a été poussé à la révolte et au dénigrement inutile savamment orchestré par certains collaborateurs du président de la République Paul Biya. Pourquoi cette autoflagellation nuisible, dévastatrice des membres de l’appareil dans un même système de gouvernance du Renouveau? Quel est le crime de ceux qu’on a voulu passer à l’échafaud et à la guillotine comme des mouches en errance.La dotation du fonds spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus et ses répercussions sociales et économiques d’un montant de 180 milliards de Fcfa est une grosse cagnotte qui, si elle est dans le délit des dépenses frivoles ou sans calcul ne peut laisser personne indifférent. Les conspirationnistes et les ferrailleurs de l’accusation savaient qu’en faisant agiter des soupçons de corruption, distractions, malversations financières et les détournements de fonds publics, ils allaient ébranler les populations et les arcanes du pouvoir. La manœuvre n’a pas marché. Certes. Peut-être que ce n’était qu’un ballon d’essai.
La fausse note appelle à interroger la forte centralisation des pouvoirs du Minetat/Sgp; à remettre sur la table le débat sur l’absence du président Paul Biya dont l’isolement et « l’asile » physique commencent à devenir suspects.Quelle est la valeur juridique d’une instruction non écrite du président de la République Paul Biya dans administration publique qui se veut écrite? Pourquoi le Minetat/Sgpr Ferdinand Ngoh Ngoh ne veut plus d’une une communication interne vers le premier ministre? Quelle est la valeur juridique des correspondances directes du Minetat/Sgpr à certains de ses collègues sans passer par le premier ministre, chef du Gouvernement, coordinateur de l’action gouvernementale? Une lettre de « vice Dieu » est-elle supérieure à un arrêté du Pm? À voir de très près, la Task force des infrastructures sportives de la Can-2019 glissante avait déjà depuis longtemps contaminé la gestion des fonds Covid-19. Si depuis quelques jours, la Task force du Covid-19 a vu le jour, cela participe d’un chronogramme bien planifié.