A quelques heures de la célébration de cette fête, les fidèles musulmans s’activent pour que les festivités soient belles en dépit de la situation sanitaire.
« Il faut réduire le pantalon, il est très large », indique Aziz Hamadou à son couturier. A quelques heures de la célébration du Ramadan, il est venu vérifier que ses vêtements seront prêts à temps et n’auront aucun problème. Accompagnés de son épouse et de ses trois enfants, ils se prêtent au même exercice. Chacun passe et repasse du regard son vêtement pour ne laisser une faute s’échapper. Le sourire aux lèvres, la petite Amine est très contente du travail d’Abdoul, le couturier. « Je serai la plus belle ce jour-là. Mon uniforme est comme je l’ai souhaité », confie-t-elle. Situé au quartier Briqueterie à Yaoundé, l’atelier de couture d’Abdoul ne désemplit pas. Sur les tables, l’on peut voir des vêtements qui sont déjà taillés et n’attendent plus que d’être passés à la machine à coudre. Dans un coin de son conteneur, se trouve un tas de vêtements déjà cousus. Sur chacun d’eux, une étiquette est collée portant le nom du propriétaire. A l’extrémité gauche, Oumarou s’active à la broderie. « Les clients ont commencé à passer vérifier leurs commandes. Nous avons encore du travail. Nous devons nous dépêcher pour pouvoir satisfaire tout le monde », martèle-t-il la tête baissée, les yeux rivés sur sa machine.
A quelques heures de la clôture de la fin du mois du ramadan, les fidèles musulmans mettent de la touche pour le bon déroulement des festivités. Habillements, coiffures, nourriture, aucun élément n’est en reste. C’est le cas de Mariamou Kadji. Recouverte d’un voile noire, elle se rend au marché Mokolo pour s’acheter des accessoires de beauté. « J’ai déjà mon vêtement cousu. Il me reste juste les accessoires. Boucles, colliers et babouches. Je vais avec ma cousine. Nous devons être toutes belles ce jour », affirme Mariamou. Au quartier Briqueterie, l’ambiance est bruyante, les gens montent et descendent sans arrêt. L’heure est aux derniers réglages. Pour Samiratou Hamadou, les préparatifs se font progressivement. « Nous devons d’abord nous rassurer que les habits sont prêts. Chercher comment se coiffer et pour les femmes faire le tatouage que nous appelons communément chifa», raconte-t-elle. Et d’ajouter : « Il est également question d’effectuer les dernières prières pour le reste de jours. Quant à la nourriture, nous ferons le marché la veille de la fête. Le jour dit, on fera à manger pour partager avec nos proches, parce que le mois du ramadan c’est aussi un mois de partage ». Quant à Khadidja, ses rendez-vous chez la coiffeuse et le dessinateur ont déjà été réglés.
Difficultés financières
Pour certains, ce n’est pas la grande forme sur le plan financier. Aboubakari Ousmana, juriste se plaint de la situation à quelques jours des festivités. « C’est vrai que les marchés et les rues sont bondés de monde actuellement, mais, cela ne veut pas dire que la fête se prépare à merveille. Le véritable problème dans ces préparatifs est que le pouvoir d’achat a vraiment diminué. Les activités sombrent. Pour moi, il n’est pas facile de me procurer de tout le nécessaire pour la fête », s’indigne-t-il. La même impression est partagée par Idrissou, tenancier d’une boutique de vente de chaussures pour femmes et enfants. « Ce n’est pas l’affluence comme les années antérieures. Nous avons à peine 5 à 8 clients qui ont déjà fait leurs achats. Ils sont nombreux à entrer mais sont peu à ressortir avec un produit », se lamente-t-il.
A la mosquée de Tsinga, la prière est mise en avant pour intensifier ces derniers moments de jeûne. C’est l’heure de la méditation. Sur des nattes, des fidèles s’inclinent et disent des prières. « La prière est un moment sacré. Lorsque c’est l’heure de faire la prière, nous mettons un temps d’arrêt à nos différentes activités. Nous devons intensifier nos prières auprès d’Allah à quelques jours de la fin du Ramadan », confie un fidèle.
Malgré, le contexte sanitaire que vit le Cameroun, les préparatifs liés à la fête du Ramadan se poursuivent. « Nous faisons tout pour respecter les mesures barrières. Nous évitons les rassemblements de plus de 50 personnes et nous arborons nos cache-nez », confie une fidèle musulmane. « Le jour dit, nous exigeons que tous nos visiteurs portent un masque pour éviter toute contamination », a-t-elle ajouté.