C’est un court roman d’un peu moins de 80 pages, composé de façon originale de chapitres donnant la parole aux personnages l’un après l’autre : la jeune fille, Baneen, Amir, Mohammed, Hassan, la mère, Ali, Layla. Chaque personnage porte sa part de la tragédie qui se déroule dans ce récit : l’amour, le désir, la vie, la respectabilité, l’honneur de la famille, la lâcheté, la fierté, la mort… La jeune fille, enceinte après avoir fait l’amour une fois avec celui qui devait devenir son fiancé si la guerre ne l’avait appelé et tué, son corps même déchiqueté par la bombe tombée du ciel, comment pourrait-elle s’en sortir ?
« La guerre n’est pas noble ni grandiose ni courageuse la guerre ce sont des hommes effrayés couchés dans la fange et la merde qui prient Dieu pour ne pas mourir. C’est un luxe de pouvoir rester en paix. »
À la guerre s’ajoute l’organisation sociale « dans la soumission aux hommes ».
D’autres personnages vont s’immiscer dans cette histoire : Gilgamesh et Enkidu, issus de la plus ancienne épopée qui se déroule sur ces terres, et le Tigre, le fleuve qui dit : « Je ne suis plus source mais ressource, et les hommes de cette terre aride ont oublié qu’ils ne pourront pas vivre sans moi ».
Le titre de ce roman est emprunté à l’épopée de Gilgamesh. L’autrice est photographe et intervient principalement en Irak où elle situe son récit. L’éditeur, basé à Tunis, exprime en ces mots ses choix : « Regards posés sur la société arabe, textes nomades imprégnés des mers du nord et du souffle du sud, des Balkans et du Japon ; recueils tissés autour d'un mot… Il s’agit avant tout d’écritures multiples et unies par une langue commune qui sont autant de passerelles reliant la Méditerranée et plus largement l’ensemble de l’espace francophone. »
Cet ouvrage a obtenu le prix Goncourt du premier roman 2021.