La scène politique est clivée depuis qu’un ‘‘Mouvement des Frankistes’’ a jeté dans l’opinion publique la probabilité d’un destin présidentiel du fils
aîné du Chef de l’Etat.
L’idée remue les salles de rédaction et fait gloser dans certains salons huppés. Le contexte de succession monarchique particulièrement en Afrique francophone s’y prête bien. Cette tentation dynastique, avec les derniers événements actuellement vécus au Tchad, prolonge un débat sur le profil de ces fils à papa devenus calife à la place du calife, parfois dans un sacré cafouillage. Plus proche de nous, après Omar Bongo et Ali Bongo, Noureddine Bongo se positionne. Chargé de la gestion des affaires présidentielles après l’accident de son père, il prend chaque jour du galon. Entre les profils des militaires et ces civiles qui servent de caution à l’excroissance du rôle de l’armée dans cette dévolution dynastique du pouvoir, le cas camerounais est unique. Dans les multiples vrais et faux remaniements dont la presse se délecte chaque jour, une information prégnante, annonce l’entrée de Franck Biya au prochain gouvernement, notamment au ministère de la Défense. Ces positionnements procèdent d’une volonté de mouler Franck Biya aux fonctions publiques d’envergure.
Il pourrait ainsi se refaire une carte de visite et battre en brèche les griefs de blanc-bec de la vie politique et administrative dont on l’affuble. Discret conseiller de son père de sources concordantes, ce personnage effacé voire ombrageux, a des états de services connus dans les milieux des affaires. Moulé dans les dorures du pouvoir depuis sa prime enfance, a-t-il l’étoffe nécessaire pour présider aux destinées du Cameroun ? Simple président de la transition ou alors victime expiatoire des réseaux bigrement enrichis sous le Renouveau et déterminés à le prendre comme caution de la protection de leurs privilèges ? Franck Biya est actuellement sous le coup d’un délit de patronyme. Le règne quadragénaire de son père amène certains citoyens à rêver légitimement d’alternance. De plus, le débat actuel sur la révision du code électoral, rentre en droite ligne de ces luttes acharnées pour le contrôle du pouvoir après Paul Biya. Miné par des rancœurs issus du coup d’Etat d’avril 1984 avec un Nord qu’on dit revanchard, fragilisé par des crise sécuritaires à l’Est, au Noso et à l’Extrême-nord, plombé par l’Opération Epervier dont on ne dit pas toujours le plus grand bien, le Cameroun est un volcan en ébullition qui pourrait exploser à tout moment.
Il faut donc un homme consensuel après Paul Biya pour éviter une chasse aux sorcières et une décomposition voire un déluge. Le fils aîné du chef de l’Etat peut-il être cet oiseau rare pouvant fédérer autour de sa personne des sensibilités divergentes ? A chacun de se faire sa propre religion. Dans sa sortie du mois de mai en cours, l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique, présente les forces et faiblesses de Franck Biya dans ce qu’il convient d’appeler succession de gré à gré.