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La Princesse au petit moi, de Jean-Christophe Rufin

Publié le 08 mai 2021 par Francisrichard @francisrichard
La Princesse au petit moi, de Jean-Christophe Rufin

La profession d'Aurel Timescu, d'origine roumaine, est Consul. Au moment où commence ce nouvel épisode de sa vie improbable, il est en attente d'affectation.

Mal aimé par la direction des ressources humaines de son administration, il est heureux de ne rien faire, mais cela ne va pas de soi, même dans l'administration.

En effet, fonctionnaire calamiteux mais titulaire, il [est] condamné à enchaîner les postes subalternes mais ingrats. Fatigué, il espère pouvoir se reposer un peu.

C'est sans compter avec la réputation que lui a faite un de ses anciens supérieurs qui lui a certainement gardé une rancune tenace et prétend l'avoir en estime.

Ainsi est-il contacté à Paris par l'Ambassade de la Principauté de Starkenbach, 123 km2, 52000 habitants, voisine de l'Allemagne, de la Suisse et de l'Autriche.

Là-bas, Aurel est reçu par le prince Rupert qui, comme il est inconnu et réputé discret, lui demande d'enquêter sur la disparition de sa femme, la princesse Hilda.

Hilda est la souveraine de cette petite monarchie constitutionnelle dont le premier ministre est une femme qui ne l'apprécie guère et guette son moindre faux pas.

Aurel est emprunté, maladroit, mal fagoté, mais c'est un sacré enquêteur, bien qu'il n'ait pas de méthode. Il sait seulement qu'il doit s'imprégner de l'être disparu:

Comme un chien, il avait besoin de faire entrer jusque dans les recoins les plus archaïques de son cerveau des odeurs, des formes et des images.

Il doit retrouver la princesse Hilda, disparue depuis trois semaines, parce qu'elle a organisé une proche conférence internationale sur les enfants victimes de guerre.

L'absence de la souveraine le jour de l'inauguration de cette conférence créerait une crise politique sans précédent et serait sans doute mal interprétée par ses sujets.

Aurel enquête donc, à sa manière. Il se rend sur les lieux que fréquente la princesse, en Corse et à Paris. Il reconstitue le quotidien de cette femme et son passé.

À cette enquête pleine de surprises, Jean-Christophe Rufin donne quelque piquant. Car la clé psy se trouve dans l'enfance de Hilda, qui, retrouvée, confie à Aurel:

Mon moi, mon petit moi, brisé par l'irruption brutale en plein milieu de mon enfance, d'un destin inattendu de souveraine sortait des décombres de mon passé et reprenait vie.

Le lecteur ne peut qu'avoir de la compassion pour un Aurel, dont la vie personnelle pitoyable contraste avec le flair dont il sait faire montre pour aider les autres.

Francis Richard

La Princesse au petit moi, Jean-Christophe Rufin, 384 pages, Flammarion

Livres précédents chez Flammarion:

Le Suspendu de Conakry (2018)

Le Flambeur de la Caspienne (2020)

Livres précédents chez Gallimard:

Sept histoires qui reviennent de loin (2011)

Le collier rouge (2014)

Check-point (2015)

Le tour du monde du roi Zibeline (2017)

Les sept mariages d'Edgar et Ludmila (2019)


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