Le Septentrion s’en sort avec 107 de ces fils, soit un pourcentage de 19.56 %.
Chose promise, chose due. Les universités de Ngaoundéré et de Maroua dans l’Extrême-Nord vont s’enrichir de 130 nouveaux enseignants, soit 57 pour l’université de Maroua et 73 pour celle de Ngaoundéré. C’est la substance d’un communiqué rendu public le 3 mai dernier par Séraphin Magloire Fouda, ministre – secrétaire général des services du Premier ministre (Sgpm), par ailleurs président de la commission centrale de supervision. Dans ce communiqué, le Sgpm précise qu’il s’agit de la deuxième phase de l’opération du recrutement spécial des docteurs qui ont 45 ans révolus au 1er octobre 2020. Lors de la première vague (1000 enseignants recrutée en 2019), 120 enseignants sur les 1237 alors retenus avaient été pour point de chute les universités de Ngaoundéré et Maroua.
En effet, le processus de sélection de ces nouveaux enseignants des universités d’Etat a eu lieu sous la supervision du Pr Jacques Fame Ndongo, ministre d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur. Ces recrues le sont pour le compte de l’année académique 2021-2022. On se rappelle tout de même que le communiqué de Séraphin Magloire Fouda, daté du 3 février 2021, annonçant l’ouverture des 549 postes d’enseignants dans le cadre de la deuxième phase du recrutement spécial de 2000 enseignants au profit des huit universités d’Etat et surtout prescrivant de retenir exclusivement les travailleurs appartenant aux domaines médical, biomédical ou pharmaceutique, avait provoqué un tollé. Si bien que le Collectif des titulaires du Doctorat du Septentrion (Ctds), en faisant une analyse chiffrée, avait conclu que sur les 156 postulants originaires des régions septentrionales, 124 étaient concernés par la nouvelle mesure et ne devaient donc pas être retenus, parce que : fonctionnaires.
Et pourtant, dans le communiqué rendu public le 13 novembre 2018 par le secrétaire général de la présidence de la République, le ministre d’Etat Ferdinand Ngoh Ngoh, les critères de sélection étaient simples et clairs. Mais c’est avec les nouvelles conditionnalités que le recrutement a été fait. Les statistiques indiquent que le Nord-Cameroun s’en tire avec 19,56% pour 107 originaires de cette partie du pays sur les 549 retenus. Ils étaient 170 sur la ligne de départ. En attendant la consolidation des chiffres, si la commission Séraphin Fouda avait respecté le quota de 30% réservé aux régions septentrionales, le compteur aurait affiché : 164 Nordistes !
Moins intelligents
C’est «un résultat déjà à saluer quand on sait que la représentativité de cette partie du pays était presque nulle il y a quelques années. Le pourcentage obtenu aurait sans doute été meilleur si on avait permis que les titulaires des Doctorats/PhD déjà fonctionnaires puissent entrer, mais hélas ! Les règles sont les règles et on n’y peut rien», observe François Wassoumi, enseignant à l’université de Maroua, avant de relativiser et reconnaître qu’« il est temps, grand temps de pousser les filles et fils du Nord à envisager la carrière universitaire, plutôt que de pousser nos enfants titulaires de diplômes universitaires vers les grandes écoles pour en sortir si jeunes des professeurs des lycées, instituteurs ou des ingénieurs au nom du « matricule à tout prix ». Je n’ai rien contre la philosophie selon laquelle il faut avoir du travail tôt pour être indépendant ou pour porter les cadets ou décharger les parents.
Seulement, il est autant nécessaire que tout en ayant du travail, il faille avoir les ambitions de continuer avec ses études. Ne faisons pas comme si les autres sont plus capables d’aller plus loin avec les études que nous. Ils n’ont rien de plus spécial par rapport à nous du Grand-Nord. Cessons d’être nous-mêmes à la base de nos frustrations de demain, car demain se prépare dès aujourd’hui.» Avec ces recrues, l’effectif d’enseignants à l’université de Ngaoundéré est désormais de 693 et celle de Maroua, de 674. La troisième phase va concerner moins de 500 enseignants.