Dix ans de résidences d’écriture en Mayenne, organisées par l'association « Lecture en Tête ». La Mayenne est un département, c’est une rivière, et Mayenne est le nom d’une ville. Trois éléments qui font déjà, à seulement les écrire ainsi, paysages.
Pourtant les textes rassemblés dans cet ouvrage s’éloignent peu à peu de la Mayenne. C’est qu’on ne peut voir un paysage sans penser à un autre ou à une autre personne. Il y est question d’amour, de chemins où l’on souhaite rencontrer celle, celui à qui l’on pense, de lieux où l’on rencontre des gens à qui l’on ne pensait pas. Et, finalement, où l’on se rencontre soi-même. Aucune écriture ne ressemble à une autre, même si les auteur.e.s arpentent les mêmes rives, flânent dans les mêmes rues, boivent dans les mêmes cafés. Mais qu’est-ce donc qu’un paysage ? Spontanément, c’est la nature à quoi l’on pense. Des arbres, des champs, des pâturages, des cours d’eau, des collines, la mer… Les dix dont les textes sont ici publiés vous transporteront parfois ailleurs, à New York, à Paris, à Toulon. Parce que, sans doute, au fond, tout est lié. Parce que, bien sûr, comme l’écrit Charles Robinson, « le réel est la conséquence de nos actes ».
Carole Martinez a écrit la préface de ce livre dépaysant. Elle y note qu’« un paysage reste un lointain ». Qu’on ne l’apprécie qu’à distance. Quand on est dans le paysage, celui-ci perd quelque chose. On n’habite pas un paysage ; c’est le paysage qui nous habite. Quant à savoir si le paysage est éternel, elle a tendance à le penser : nous garderions en nous les paysages que nous avons chéris ; un détail peut les réveiller instantanément. Pourtant, elle témoigne de la destruction à coups de bulldozers du paysage qu’elle voyait de sa fenêtre : « J’ai compris qu’un paysage aimé pouvait disparaître sans que ce soit la guerre ». Mais, même disparu, elle le porte en elle et pense pouvoir le retrouver et revenir le hanter.