« Je me suis sentie comme une rock-star »
Après sa 3e place en 2010, Cécilia Berder (21 ans, 29e mondiale) vient de terminer 2e de la Coupe du Monde de sabre orléanaise, samedi 12 février 2011, au Zénith d’Orléans.
Licenciée au Cercle d’Escrime Orléanais, la jeune orléanaise a été battue en finale par le numéro 1 mondiale, Mariel Zagunis. Une sacrée performance car le gratin mondial du sabre féminin était présent !
Etes-vous déçue de votre défaite en finale face à Mariel Zagunis (15-4) ?
Sur le coup, c’est vrai que j’étais très déçue car j’avais envie d’aller au bout. Quand la victoire nous tend les bras, on a juste envie de gagner. Mais, je commence à réaliser ce que je viens de faire et la satisfaction l’emporte, car si on m’avait dit que je ferai ce résultat avant la compétition, j’aurai signé sans hésitation. Et puis, c’est encouragent pour la suite de la saison.
C’est la première fois que vous croisiez le fer contre la meilleure sabreuse du monde ?
Oui, c’est la première fois que je rencontrais Mariel Zagunis et je me suis rendue compte que c’était une grande championne. Il n’y a pas eu photo entre elle et moi. Il y a 3 ou 4 divisions de différence entre nous deux.
N’êtes-vous pas un peu dure avec vous-même ?
Elle a montré une telle suprématie… Elle faisait ce qu’elle voulait de moi, j’étais comme un jouet pour elle. Sur le coup, j’étais une petite minime face à une senior confirmée. C’est un peu frustrant et vexant mais elle est tout de même double championne olympique et championne du monde à maintes reprises.
Vous n’êtes pas abattue quand même ?
Non, au contraire. C’est encourageant pour la suite de mon aventure de voir l’écart qui existe entre moi et les meilleures sabreuses du monde. C’est stimulant de savoir que l’on a des progrès à faire. Maintenant, il va falloir que je sois plus compétitive sur le jeu tactique et technique.
Ne vous-a-t-il pas manqué de la fraicheur lors de cette finale ?
En général, quand je gagne un match, c’est grâce à l’impact physique que je mets. Et je me suis faite piéger en finale car je n’avais plus les ressources physique pour mettre cet impact. C’est vrai qu’il m’aurait fallu plus de fraîcheur physique pour espérer la titiller un peu.
Sinon, vous avez réalisé deux grosses performances en éliminant Olga Kharlan (n°2 mondiale) et Ekaterina Diatchenko (n°4 mondiale) ?
C’est la première fois que je l’ai battait. Personne n’est imbattable mais ces filles là, sur une saison, elles jouent toujours le haut du tableau. Je me suis dit qu’il fallait que je sorte le match parfait, que j’ose, que je joue, que je me fasse plaisir. Car, même si elles étaient plus fortes sur le papier, je savais que je pouvais les embêter. J’ai tenté ma chance et cela a marché. C’est top. C’est bien pour la confiance car je me dis que si je l’ai fait une fois, je pourrai le refaire.
Vous semblez avoir pris beaucoup plaisir dans ce Zénith à 100% derrière vous ?
L’expression « se sentir portée » prend tout son sens dans cette salle. Dès les quarts de finales, je commençais à avoir les jambes un peu lourdes mais, en fait, je ne le sentais même pas. Et le public était tellement parfait que je devais essayer de répondre à la hauteur de ce qu’il me donnait. Il est clair que si cela marche bien à Orléans, c’est parce qu’il y a le public derrière moi. Je me suis sentie comme une rock-star, on criait mon nom. Dans notre sport, nous n’avons pas cela tous les jours. J’ai pris une grande bouffée d’adrénaline, c’était vraiment bien.
La très bonne réputation de la compétition orléanaise est-elle palpable auprès des sabreuses ?
Il n’y a pas photo. Nous, les Françaises, sommes toutes d’accord là-dessus. Mais, les étrangères aussi viennent nous voir en nous disant qu’elles ont hâtes de venir à Orléans parce que c’est énorme, c’est surdimensionné. Nous ne voyons pas ça ailleurs, c’est presque mieux que sur un championnat du monde. 5000 personnes pour de l’escrime, c’est top. S’il y avait cela sur chaque compétition, l’escrime gagnerait en médiatisation.
Dimanche 13 février 2011, vous participiez aussi à la coupe d’Europe des clubs ?
Oui, nous avons perdu en quart de finale contre les Ukrainiennes de Kiev (45-33), qui termine 3e de la compétition (ndlr : sur 8 clubs). Avec Marion Stolz et Laura Réguigne, nous étions un peu à la rue avec la compétition de la veille. Malgré tout, on voulait faire une belle prestation mas nous n’avons pas réussi à répondre présente.
D’ailleurs, l’équipe de sabre dame du CEO est championne de France en titre ?
Oui, avec Laura Réguigne, Marion Stolz et Anne-Laure Berthier, nous sommes championnes de France par équipes de clubs. Nous étions outsiders et nous avons réussi à détrôner les plus belles équipes de France. En plus, c’est le premier titre de champion de France senior pour le Cercle d’Escrime d’Orléans. Nous étions très heureuses de lui rapporter ce titre car c’est un club qui le mérite.
A titre individuel, quelles sont vos ambitions pour les deux années à venir ?
Je vais prendre chaque chose en son temps et voir compétition après compétition. Je vais continuer à m’amuser, à prendre du plaisir. Je suis ambitieuse, c’est clair. On me parle de Londres en 2012, mais il y a tellement de travail à faire avant que je préfère me tourner vers des compétitions qui sont beaucoup plus proches.
Interview parue dans la Tribune d’Orléans du 19 février 2011
Par Jérémy Parard