Si j'en crois les résultats d'une étude qui ont été faite sur les
résultats de la mise en place de stratégies GreenIT, le concept de
GreenIT est une vaste supercherie en terme d'économies d'énergie.
C'est encore pour moi l'occasion de m'insurger contre les méthodes carrément discutables de ceux qui réalisent des enquêtes et qui en tirent,
forcément, des conclusions qui n'ont pas de sens.
Pour les besoins de cette pseudo-étude (que j'ai vu commentée sur le site du très sérieux VuNET) ont été interrogées des entreprises ayant "mis en place une stratégie informatique GreenIT". Les chiffres en pourcentages se rapportent à ces entreprises.
Les "résultats" de l'enquête
Je reprends les chiffres et les arguments que j'ai lu (je n'invente rien). Ca me fait bondir :
Très bien, mais quelle est cette stratégie ? Mettre des multiprises avec un interrupteur général à chaque ordinateur de bureau ? Substituer un serveur "Green" à un serveur "polluant" ? A puissance égale ? On a virtualisé des serveurs ?Les économies d’énergie d'au moins 50 % sont "complètement absentes"
Certes, 50% me paraît être un chiffre impressionnant, mais dans quelle mesure cela est-il atteignable, et à quels coûts ?
Vous lisez-bien : sur le panel des entreprises interrogées, 21% ont choisi une stratégie informatique GreenIT (dont, je vous rappelle, nous ne savons rien). Parmis elles, 12% ont fait des mesures sur les économies engendrées.12% des 21% d’entreprises qui ont opté pour une stratégie informatique GreenIT ont quantifié les économies d’énergie liées à leur stratégie
Woaou... Chez-moi, grossièrement ça veut dire que 2% du panel avait effectivement suivi une méthode permettant une objectivation d'un processus de Greenisation informatique. Alors quoi ? Les 98% restant entrent aussi en compte dans les résultats de l'étude ?
Il y a introduction d'un facteur temporel pour la mesure des bénéfices supposés. Ce facteur est valable dans le cadre du cycle de vie complet du matériel par exemple, où désormais les fabricants ont obligation de prévoir le recyclage de leurs composants. Par définition, les coûts du recyclage ne seront connus qu'en fin de vie du matériel.19% estiment qu’il est trop tôt pour mettre en évidence les bénéfices de la stratégie déployée
62% estiment que les gains potentiels offerts par la stratégie GreenIT mise en oeuvre peuvent se manifester sur le long terme
Malgré tout, il est vrai qu'il est difficile d'évaluer la fiabilité du matériel à terme : un composant Green sera-t'il plus fiable ou moins fiable, tombera-t'il en panne ou devra-t'il être remplacé dans les 3 ans à venir ?
Cependant, certains coûts sont immédiatement mesurables, comme ceux de l'achat du matériel, et celui de la consommation électrique par exemple.
Cette estimation me semble le fruit d'une simple méconnaissance des conditions initiales de la comparaison "avant-après". Là encore par définition, on ne peut quantifier et comparer que si l'on a de quoi chiffrer la comparaison... et en premier lieu : avant...
D'autre part, j'ai personnellement un peu de mal à croire que des gains potentiels peuvent se manifester à terme. En tout cas directement. Tout dépend de ce que l'on considère comme GreenIT (ce qui n'est évidemment pas défini dans l'étude).
Il faut reconnaître que sont déjà connu certains effets "indirects" de la mise en place d'une politique informatique GreenIT :
- diminution de la chaleur émise, donc moindre consommation de la climatisation des salles de serveurs par exemple;
- la virtualisation des serveur permet d'utiliser moins de place dans les locaux;
Ceux-ci ont des impacts sur la facture d'électricité et du loyer par exemple... mais il ne s'agit pas de gains qui se manifestent à terme. En fait, ces "estimation" déclarées mettent le doigt là où ça fait mal : tout les éléments des stratégies informatique GreenIT n'ont manifestement pas été correctement suivis, en terme de méthode. On n'en connaît pas les gains directs et indirects, ni à quelles échéances
Voila qui me semble un peu plus cohérent. Pour autant cela ne signifie pas qu'il n'y a pas d'économies des faites, mais que celles-ci ne sont pas quantifiées.65% reconnaissent ignorer les économies d’énergie réalisées
Faut-il comprendre que la mise en place d'une stratégie informatique GreenIT viens du service comptabilité et qu'il est mis en oeuvre par le service informatique ? ;-)
Pourquoi pas : il vaut mieux faire du GreenIT sans savoir où l'on est gagnant plutôt que de faire le choix pleinement conscience d'utiliser un ordinateur qui est une pompe à énergie...
J'en reviens à ce que j'ai écrit plus haut : on ne connaît pas la stratégie qui a été mise en place, ni comment elle a été mise en place. Peut être qu'effectivement 4% n'ont objectivement réalisé aucune économie d'énergie.4% estiment n’avoir réalisé aucune économie d'énergie.
Une fois encore, ce qui me dérange, c'est le terme employé : on "estime". On a "l'impression que". Aucun chiffre avant/après ne vient soutenir ce qui est affirmé de la part des interrogés. Ce qui ne donne hélas aucune valeur indicative.
Conclusion
Se baser sur des faits quantifiables, avant changement
Ce qu'il faut retenir, c'est d'abord qu'il faut se méfier des études, qu'elles abondent dans un sens ou dans un autre. Il faut se baser sur des faits mesurables, et non pas sur des opinions, jugements, ou des intentions !
Pour cela, il n'y a pas 36 solutions : il faut étudier l'existant au préalable. Il faut savoir où il y a consommation excessive d'énergie, pourquoi, et s'il est pertinent d'engager une stratégie GreenIT à ce niveau là.
Ce travail initial démontre que l'on sait pourquoi on s'engage dans une stratégie GreenIT, et que l'on ne s'y engage pas "par principe", un peu à l'aveuglette et sur des gains supposés, obtenus de manière presque automatique. C'est aussi la seule façon de mesurer l'efficacité (ou non) de la politique mise en place.
Le GreenIT a aujourd'hui le vent dans le dos, et on ne va pas s'arrêter d'en parler d'ici demain. D'autres études comme celle que nous venons brièvement de voir vont proliférer, et tenteront de démontrer le bien fondé ou non d'une politique conduite dans ce sens en entreprise ou à la maison. Le contre-exemple que constitue cette pseudo-étude démontre qu'il faut être prudent quant à l'interprétation, à la validité, et à la légitimité même des résultats qui ont été produits pour une enquête.
Certes, le GreenIT c'est dans le vent, ça fait bon genre, c'est en soi un argument marketing, mais ça ne dispense pas un travail classique, loin de la technologie : un peu de bon sens et de la méthode...