Au cœur de l’actuelle passe d’arme entre le président du Sénat et la ministre de l’habitat et du développement urbain, la mairie de Bangangté et le contrôle du département du Ndé.
C’est une affaire qui aurait pu être reléguée à la rubrique faits divers. L’histoire d’une élection en vue du renouvellement de l’exécutif à la tête de la commune de la ville de Bangangté. Cette séquence qui se déroule dans la ville chef-lieu du département du Ndé oppose en effet, les candidats Eric Niat, conseiller municipal et Jean Lambert Tchoumi deuxième adjoint au maire de l’exécutif sortant. Les deux candidats entendent occupés le siège vacant du défunt maire Jonas Kouamou.
Attendue telle que prévue par le Code général des collectivités territoriales décentralisées (Ctd), en son article 205, pour reconstituer l’exécutif municipal, 24 conseillers municipaux sur les 40 que compte le conseil municipal de la commune de Bangangté n’ont pas répondu présents. Des absences qui ont empêché la tenue de cette session convoquée le 3 mai 2021. La loi prévoit en effet que l’élection de l’exécutif communal doit se tenir en présence d’au moins les deux tiers des conseillers municipaux. Soit 27 élus, pour le cas de la commune de Bangangté.
Une curiosité à première vue. La commune de Bangangté est entièrement acquise au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). La formation que chapeaute le président de la République est réputée être très attachée aux instructions de la hiérarchie. C’est donc sans surprise que les observateurs ont apprécié la présence de Lamare Njankouo, délégué dépêché par le Comité central du Rdpc à Bangangté. De même que l’annonce du choix du candidat Eric Niat n’a pas étonné grand monde dans l’opinion. autour de l’émissaire du Comité central du Rdpc et du chef supérieur Bangangté.
Rencontre au cours de laquelle des sources présentes indiquent que le vote de circonstance avait penché en faveur du candidat Eric Niat. Résultats des courses, la session du conseil municipal extraordinaire par le préfet du Ndé, Ernest Ewango n’a pas abouti à l’objet escompté. L’élection du nouveau maire de Bangangté est renvoyée au 6 mai 2021. Précision néanmoins, à la lecture de l’article 174 du Code général des collectivités territoriales décentralisées, «Lorsqu’après une convocation régulièrement faite, le quorum n’est pas atteint, toute délibération votée après la seconde convocation, à trois (03) au moins d’intervalle, est valable si la moitié (1/2) au moins des membres du conseil est présente à la séance.»
Transgression des instructions
Seule fausse note dans la procédure, les conseillers municipaux-électeurs et militants du Rdpc ont décidé de transgresser les instructions de la hiérarchie du parti. Une curiosité d’autant plus grande que la veille, des rencontres informelles avaient réunis les camarades des deux candidats Levée de boucliers Pour mieux comprendre l’épisode qui se joue à la commune de Bangangté depuis quelques jours, il faut prendre en compte l’existence de la rivalité politique qui oppose le président du Sénat, Marcel Niat Njfenji au ministre de l’habitat et du développement urbain (Minhdu), Célestine Ketcha Courtès. Deux élites du Ndé à la stature politique avérée dans ce département de la région de l’Ouest. Les deux parents ennemis se vouent une haine viscérale qui impacte sur les relations entre ressortissants de la ville de Bangangté et du département du Ndé depuis quelques années. L’analyse de ce qui se déroule à la commune de Bangangté impose aussi de prendre en compte l’histoire des protagonistes au sein de l’exécutif de la mairie de Bangangté. Alors qu’elle aspirait à être maire de cet exécutif, l’actuelle ministre de l’habitat et du développement urbain, Célestine Ketcha Courtès avait affronté Eric Niat l’actuel candidat au siège de maire à Bangangté.
L’élection s’est alors achevée sur une victoire de Célestine Ketcha Courtès. Par l’entremise des jeux propres au Rdpc, le challenger du maire a été admis dans le conseil municipal de la commune de Bangangté. Conseil au sein duquel il occupera le poste de 4e adjoint au maire. Le départ de Célestine Ketcha Courtès pour le gouvernement ouvre une nouvelle opportunité pour Eric Niat qui croit son heure arrivée. Il joue à nouveau de malchance face à une machine constituée et contrôlée par Célestine Ketcha Courtès quoique siégeant au gouvernement. Le fils du président du Sénat voit une autre occasion de s’approprier le siège de maire de la ville de Bangangté quand survient le décès de Jonas Kouamou, remplaçant de Célestine Ketcha Courtès à la tête de cet exécutif communal. Un essai en cours qui vient rehausser le ton de la sempiternelle querelle qui oppose le clan Niat à celui de Célestine Ketcha Courtès.
Comprendre la querelle qui fait des émules dans la ville de Bangangté et le département du Ndé au sujet de l’élection d’un nouveau maire à la tête de la commune du chef-lieu du département du Ndé, c’est aussi prendre en compte le fait que lors de l’élection du remplaçant de Célestine Ketcha Courtès à la tête de la commune de Bangangté, le candidat Eric Niat a perdu la mise dans un scénario similaire lors du conseil municipal extraordinaire organisé le 1er mars 2019. Le candidat et fils du président du Sénat avait séduit une partie des conseillers municipaux qui, une fois aux urnes, ont ignoré les promesses faites à l’homme qui ne renonce pas à être maire de la ville de Bangangté.