Jupiter + Okwess – ‘Mieux que ça’

Le Son Du Jour #396

Jupiter & Okwess

–

Mieux que ça

---

---

« On peut faire mieux que ça »

Il est vrai qu’à entendre cette entrée en matière d’un titre fort énergique on se sent immédiatement coupable, préférant regarder ailleurs, ses propres pieds, n’importe où pourvu que ce ne soit pas son propre reflet dans le miroir de la salle de bain. Car, on a parfois tendance à se sentir fautif quelque soit la raison de n’en faire pas assez. De trop attendre, de laisser s’écouler un temps précieux, qui, inexorablement glisse entre les doigts et nous échappe. Irrattrapable.

Le chanteur Jupiter est un voyageur dans l’âme. A la fin des années 70 il rentre d’un long séjour à Berlin Est où son père est diplomate. Il s’habitue, dès son plus jeune âge, à passer le mur de Berlin pour partir étudier dans la partie ouest de la ville. C’est dans ce Berlin coupé en deux qu’il créera son premier groupe, Die Neger (« Les Nègres ») avec d’autres fils de diplomates originaires des quatre coins de la planète.

A 17 ans, il rentre à Kinshasa et débarque avec envie dans une ville saturée de sons, d’ambiances, de danses. Une cité africaine d’où résonnent des sonorités traditionnelles qui lui semblent étonnamment familières. Il retrouve dans  ces rythmes importés du village d’étranges similitudes avec les musiques occidentales découvertes en Allemagne, mais à l’état brut. Comme si le rock, la soul, le funk  provenaient toutes d’une même racine, d’une même source : son Congo. Ce n’est que plus tard, après s’être essayé au tambour qu’il crée ses premiers groupes locaux sans jamais s’arrêter d’y croire. Et, quelques temps plus tard on finit par entrevoir sa longue silhouette filiforme arpenter pour la première fois les scènes françaises. La machine est lancée quand le génial Damon Albarn l’invite sur son disque Kinshasa One-Two. Rapidement, Jupiter et son groupe font la première partie de Blur dans le monde entier, tournant de l’Angleterre au Japon en passant par le Mexique. 

Ce nouveau disque, Na Kozonga, est le fruit de ses voyages qu’illustrent les invités de marque qui le parsème. Croisés sur les routes, ils synthétisent l’éclectisme de ce disque et la volonté d’un regard mondial sur la musique, sans frontière. Lorsque le titre Mieux que ça se termine, l’énergie qu’il déploie nous contamine. On se surprend à redresser la tête et repartir, le regard franc, droit devant.

---

Les playlists du blog sont disponibles sur