Les populations de cette ville du département du Noun sont sorties manifester leur mécontentement à la suite du décès de l’un des leurs en détention, hier.
Cinq blessés dont quatre dans un état critique, tous transférés à l’hôpital régional de Bafoussam. Palais de justice incendié. Les populations surchauffées ont mis le feu sur cet édifice. Elles ont voulu sans succès en découdre avec les magistrats. « Le procureur doit partir parce qu’il est inhumain. Il ne devait pas laisser incarcérer un malade », lancent-elles. Même le déploiement des forces de l’ordre pendant des heures n’a pas permis de restaurer l’ordre. Elles ont ainsi paralysé les activités de la ville pendant toute la journée de lundi 3 mai 2021. Ces populations sont sorties en masse manifester leur ras-le-bol à la suite du décès du prénommé Jean Louis, en détention à la prison de Foumbot. Originaire du département des Bamboutos, ce vendeur de médicaments dans cette ville-grenier du Cameroun depuis des années, a servi de prétexte à un mouvement d’humeur, suite à son interpellation par les éléments des forces de l’ordre il y a quelques mois.
Il était reproché à ce dernier et à ses deux autres compagnons, le trafic du tramol, un stupéfiant réprimandé par le gouvernement du Cameroun, dont les conséquences sur les consommateurs ne sont plus à démontrer tant dans les établissements scolaires que dans la société. Sauf que cliniquement, Jean Louis, au moment de son interpellation souffrait d’insuffisance rénale. D’après les populations en furie, son état de santé avait été présenté aux autorités avec un dossier médical à l’appui. Un état de santé délicat qui s’est vite dégradé à la prison. Avec l’aide de son conseil, la famille va tenter d’obtenir sa mise en liberté auprès des responsables du tribunal de Foumbot. En vain ! La famille du détenu accuse les autorités judiciaires d’avoir conditionné sa prise en charge médicale au versement d’une importante somme d’argent. Alors qu’elle se battait pour trouver cette somme, son état va s’empirer. C’est alors que les responsables du tribunal de Foumbot, que nous n’avons pas pu rencontrer à cause de la situation tendue, vont demander à la famille de venir le récupérer afin d’aller le soigner. Il serait mort avant d’arriver à l’hôpital.
Informées, les populations de la ville, qui connaissaient bien le défunt vont d’abord s’attaquer à la prison de la ville. Selon des indiscrétions, elles voulaient libérer les détenus avant de brûler ces locaux. Elles seront stoppées net, par une farouche équipe des éléments de l’administration pénitentiaire. Déçus, ces derniers vont se rendre au tribunal, où ils mettent le feu, comme à l’époque des villes mortes. Par la suite, ils vont se déporter au « Carrefour Maquisard » avec la dépouille du défunt, qu’ils placent au milieu du carrefour, barrant ainsi l’entrée principale de la ville, à partir de Bafoussam.
Des éléments du Bataillon des troupes aéroportées (Btap) de Koutaba, de retour d’une mission, ne réussiront pas à calmer ces jeunes. Las de négocier, ils vont ouvrir le feu sur les manifestants. Cinq manifestants blessés, dont quatre dans un état critique, ont été conduits à l’hôpital régional de Bafoussam par les éléments de secours venus en renfort de Bafoussam. Awa Fonka Augustine, le gouverneur de la région de l’Ouest, est descendu sur les lieux pour calmer ces jeunes. Mais c’est la descente du sultan des Bamoun, Ibrahim Mbombo Njoya, qui a permis de calmer les manifestants. Pris de panique, les commerçants ont fermé boutique. Les manifestants exigent le départ du procureur près des tribunaux de Foumbot.