"Le protocole : absent", dit le gros titre
Décidément, Horacio Rodríguez Larreta ne veut rien entendre au sujet de l’école. Malgré ses promesses orales, mercredi dernier, d’accepter les nouvelles mesures nationales puisque le taux de transmission à Buenos Aires n’est pas « supportable à court terme » (c’est son mot : « sostenible »), il maintient partout en ville, envers et contre tout, les cours en présentiel pour les élèves de primaire et n’accepte le mode hybride présentiel/distanciel que pour les élèves du secondaire, ce qu’il laisse en outre à l’appréciation des chefs d’établissement. Qu’ils se débrouillent seuls. Il attend, dit-il, que la Cour suprême se prononce, laquelle ne semble pas pressée de le faire, sur une question où pourtant tout retard entraîne des morts dans la population, toutes classes sociales confondues mais tout de même un peu plus chez les plus précaires.
Les services portègnes du Médiateur (Defensoria del Pueblo) viennent de publier un rapport sur le peu d’observation des mesures sanitaires dans les écoles publiques (donc gratuites) de la capitale fédérale : dans 54 % des 257 établissements visités, on a constaté des bousculades à l’entrée des écoles. Dans 30 % d’entre eux, les distances physiques ne sont pas respectées et 23 % ne disposent pas des espaces de plein air nécessaires au respect des normes sanitaires.
Ce rapport vient contredire les assurances du chef de gouvernement de la Ville autonome qui pour rassurer les parents continue d’affirmer que les protocoles sont respectés dans les écoles publiques (qui dépendent de sa responsabilité directe) et les appelle à envoyer leur progéniture en classe. Or ils ne le font pas tous, ce qui rend les chiffres encore plus effrayants puisque les effectifs scolaires ne sont pas au complet.
Curieusement ce matin, seul Página/12 se fait écho de ce rapport. Se doutant probablement que les autres quotidiens n’en diraient pas un mot, la rédaction en a fait sa une.
Sur la photo d’illustration, la façade d’une école dans un quartier populaire ou de classe moyenne modeste (ce qui se reconnaît à l’allure des écoliers), vous remarquez l’aspect assez peu souriant du bâtiment, protégé de toutes parts par des grilles et des grillages. C’est une question de sécurité : il faut éviter de tenter les cambrioleurs. Aussi les mômes vont-ils s’instruire dans un bâtiment taillé comme une prison… A Buenos Aires, non loin de là où je descends, il y a une école dans ce genre sur avenida Belgrano et à chaque fois que je traverse cette artère pour longer ce bâtiment où se joue l’émancipation intellectuelle et culturelle des citoyens argentins en herbe, j’ai le cœur qui se serre en pensant à eux, aux instituteurs et au personnel de service que j’aperçois parfois en semaine à travers les barreaux.
Le commissariat de la police fédérale, qui n’est pas loin non plus, est plus accueillant, en dépit des gros bolides blindés garés devant façon série US.
© Denise Anne Clavilier www.barrio-de-tango.blogspot.com
Pour aller
plus loin :
lire l’article de La Nación (idem)