Ane Riel – Résine

Par Yvantilleuil

Bienvenue chez les Haarder, une famille de menuisiers qui habite sur une presqu’île à l’écart de tout. Entourée de nature, elle avait tout pour être heureuse…sauf qu’à la suite de plusieurs malheurs, le père va lentement sombrer dans la folie. Voulant protéger à tout prix les membres de sa famille, il les isole de plus en plus du monde extérieur…

« Résine » c’est tout d’abord une ambiance sombre, qui vous fait immédiatement comprendre que quelque chose ne tourne pas rond. Un malaise initial qui se transforme progressivement en huis clos macabre et malsain. Un roman noir qui ravira les amateurs du genre.

« Résine » ce sont ensuite des protagonistes particulièrement singuliers qui finissent par vivre reclus, entourés d’objets inutiles récupérés à gauche et à droite, pas toujours de manière légale, mais servant à ériger de nouveaux murs entre ce cocon familial insalubre et le monde extérieur. C’est un père de plus en plus paranoïaque qui en sombrant, entraine toute sa famille avec lui…

De ce récit qui mêle plusieurs voix, dont les lettres posthumes de la mère, le lecteur retiendra surtout celle de Liv, leur fille. Déscolarisée, cette petite sauvageonne vit de chasse et de larcins dans le village voisin. Faisant preuve d’une maturité somme toute assez logique compte tenu de ses conditions de vie, elle insuffle également ce brin d’innocence et de naïveté salutaire, qui permet au lecteur de s’accrocher à quelque chose de beau, voire presque poétique, allant jusqu’à donner à ce thriller macabre des allures de conte. Il était une fois une petite fille solitaire qui n’avait jamais rien connu d’autre, qui vouait à son père une confiance aveugle et un amour aussi inconditionnel qu’étrange, qui vivait en communion totale avec la nature… et qui offre du coup au lecteur un regard attendrissant et déstabilisant sur cette descente aux enfers annoncée dès les premières pages.

Lauréat du prix Clé de Verre (prix littéraire annuel récompensant un roman policier scandinave) en 2016, ce second roman d’Ane Riel (le premier traduit en français) devrait ravir les amateurs de polars nordiques.

Résine, Ane Riel, Seuil, 304 p., 20€

Ils en parlent également : Maud, Tomabooks, Lison, Saveur littéraire, Marine, Valériane, Amicalement noir, Lilly, Un bouquin sinon rien, Thierry, Baz’art, Julie, My fabulous reading

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