Cela fait maintenant quatre ans que le monde vit en confinement. Désormais, les personnes infectées du Covid-23 sont envoyées de force en quarantaine dans des camps devenus peu à peu d'inquiétants ghettos. A Los Angeles, Nico est un coursier immunisé au virus qui arpente la ville lors de ses livraisons. C'est ainsi qu'il fait la connaissance de Sara, une jeune femme confinée chez elle. Malgré les impératifs sanitaires qui les empêchent de s'approcher, Sara et Nico tombent amoureux. Mais lorsque Sara est suspectée d'être contaminée, elle est contrainte de rejoindre les camps de quarantaine. Nico tente alors l'impossible pour la sauver...
Déjà, en temps ordinaire , on ne comptait plus les films relatant une apocalypse zombie, et plaçant la survie de l'espèce humaine dans une position plus que fragile. Faut croire que c'était dans l'air du temps et le genre " post-apocalyptique " a rarement été aussi populaire à l'écran. L'irruption de la crise du COVID-19 aurait pu changer la donne : mais non, et la dernière production (plutôt opportuniste, il faut le lui reconnaître) de Michael Bay nous plonge dans un futur proche où le virus, loin d'avoir été éradiqué, a muté de telle sorte que les contaminations et les décès ont grimpé de façon exponentielle. Alors qu'on nous parle de plus en plus d'un incontournable passeport sanitaire, les scénaristes imaginent déjà le pire dans un monde à la dérive où l'humanité se divise désormais en trois camps :
- Les contaminés, qui n'ont plus beaucoup d'espoir car le taux de mortalité atteint des sommets. Du coup, au moindre signe d'infection (vous connaissez la chanson : température ou autres symptômes grippaux), des brigades lourdement armées et protégées viennent vous choper pour vous enfermer dans des camps surpeuplés où la mort viendra vous cueillir dans des conditions misérables. Le nombre est tel que même les stades sont devenus trop étroits, et ce sont donc des quartiers entiers qui sont mis en quarantaine, emplis de pauvres hères parqués comme à l'abattoir...
- Les non-contaminés : ils vivent forcément reclus et seule leur condition sociale leur permet d'envisager l'avenir avec un quelconque optimisme. Les nantis, confinés dans leurs somptueuses demeures, se plient autant qu'ils le peuvent aux très contraignantes mesures de sûreté et se font livrer ce dont ils ne disposent pas, qui sera automatiquement désinfecté. Certains partagent leur misère existentielle sur les réseaux sociaux qui fonctionnent encore ou font des plans sur la comète dans l'espoir de plus en plus réduit de jours meilleurs...
- Les Immunisés. Ces veinards font partie de la très faible proportion de la population qui est totalement immunisée aux atteintes du dernier variant : de ce fait, grâce à un bracelet encodé et personnalisé, ils ont l'autorisation exceptionnelle de pouvoir se déplacer librement. En dehors des zones de quarantaine complètement bouclées par les forces de l'ordre et des maisons encore occupées, toute la ville est leur cour de récréation et eux seuls connaissent encore la douceur de la caresse des rayons du soleil levant ou de la brise du soir... C'est pour cela que la plupart de ces privilégiés par l'ADN sont coursiers, un métier devenu indispensable à la survie des confinés : à vélo, à moto, briefés et surveillés par des contrôleurs, ils arpentent des avenues désertes et des rues vides suivant un emploi du temps très chargé.
propose ainsi une vision plutôt rationnelle d'un monde où le virus échapperait à notre contrôle et offre une vue saisissante d'une Los Angeles dépeuplée, qui rappelle le premier quart des films comme le Survivant et son remake On suit ainsi Nico, bôgosse à VTT filant comme le vent avec son sac à dos plein des victuailles ou des médicaments qu'attendent désespérément des clients qui disposent, avec lui, d'une de leurs rares occasions de sortir de la platitude monotone de leur existence calfeutrée. L'occasion de rencontres brèves mais enrichissantes : Piper et sa fille, recluses dans leur luxueuse propriété sur les hauteurs de la Cité des Anges, ont déjà pris leurs habitudes avec ce fringant garçon ; mais c'est Sara, la belle Latina partageant son petit appartement avec sa grand-mère, qui lui a ravi son cœur. Et ces deux tourtereaux, qui n'ont jamais pu ne serait-ce qu'échanger un regard sans l'entremise des écrans, projettent déjà de faire leur vie ensemble une fois que tout ceci serait fini : il y a bien quelques secteurs sur la planète où l'on ne compte plus de cas et où la vie peut à nouveau reprendre ; ces paradis n'ont rien d'illusoire, encore faut-il sinon vaincre la maladie, du moins ne plus avoir à la craindre. Et trouver l'argent qui va avec. Mais les temps sont encore plus durs en 2023 pour les rêveurs énamourés... Chose dont sont déjà conscients quelques paumés de la vie, solitaires par la force des choses, qui n'ont plus que leur désenchantement névrosé et leur nostalgie qui les maintienne en vie, comme May, cette jolie chanteuse virtuelle qui raconte son mal-être et ses espoirs brisés, ou Dozer, cloué à un fauteuil et cherchant à trouver un sens à sa demi-existence.
est donc un petit film tonique qui utilise un contexte dramatique pour tenter de renouveler une histoire banale à laquelle les personnages ne parviennent pas à conférer la moindre saveur. Néanmoins, il sait tenir en haleine et sa version blu-ray offre une image très nette qui met particulièrement en valeur certains plans inédits de Los Angeles, surtout depuis les hauteurs. La colorimétrie plus poussée permet de bénéficier de la richesse des tons que procure un coucher de soleil sur la cité et les scènes nocturnes sont particulièrement contrastées. La bande-son, peu convaincante en général (avec une musique manquant d'entrain quand elle n'est pas directement inspirée de la composition de Yamashiro pour Akira !) sait se montrer tonitruante dans les moments-clefs.