Au premier abord, la promesse de la jeune pousse est plutôt basique puisqu'elle propose uniquement d'aider des individus qui se connaissent déjà et se font mutuellement confiance – il n'est pas question d'orchestrer des mises en relation entre étrangers – à graver dans le marbre (virtuel) les conditions de l'opération qu'ils souhaitent conclure, puis à assurer un suivi régulier des engagements pris et organiser les différents mouvements de fonds, un peu comme le fait également, entre autres, Zirtue, aux États-Unis.
Aussi triviale que sa fonction paraisse, la solution n'en remplit pas moins un rôle important. Conçue comme une messagerie privée, enregistrant toutes les conversations dans une logique de notarisation, elle permet aux prêteurs et emprunteurs d'échanger par l'intermédiaire d'un filtre neutre (logiciel) qui contribue à dédramatiser des situations embarrassantes, par exemple les rappels et les relances de paiement (qui, en l'occurrence, sont émis automatiquement) ou les demandes de délai sur une échéance.
Naturellement, le format de tchat retenu facilite l'adoption, en réduisant le côté rébarbatif et potentiellement trop solennel d'une contractualisation classique, tout en autorisant l'introduction de toutes les clauses requises pour établir un accord robuste. Il est en outre possible à tout moment pour les deux parties de s'entendre, toujours via le même support, sur des modifications des termes : allongement de la durée initiale, moratoire de remboursement… ou même abandon complet de la dette par le créancier.
Si l'idée de Wisely est incontestablement pertinente, son déploiement par une startup indépendante n'est peut-être pas idéal. D'une part, étant, par essence, d'un usage occasionnel pour une grande majorité de personnes, l'application aura probablement des difficultés à s'imposer comme un réflexe naturel, ce qui risque de limiter sa notoriété et, donc, sa diffusion. Par ailleurs, son modèle économique, basé sur une commission fixe (raisonnable) prélevée sur chaque prêt négocié, semble relativement fragile.
L'introduction des opérations entre amis au sein d'une plate-forme bancaire, en revanche, résoudrait ces limitations. En tant qu'option disponible aux côtés des produits de crédit traditionnels, elle serait toujours présente à l'esprit au moment utile. Hélas, la peur de cannibaliser leurs ventes bloquera certainement toute initiative en ce sens chez les acteurs historiques, alors que, moyennant une articulation intelligente avec le reste des offres, elle constituerait un point d'entrée intéressant et fructueux vers ces dernières.