Mérite, voici un mot qui a une histoire.
Tout commence avec le phénomène bobo, décrit par un journaliste américain à la fin des années 90. La nouvelle classe dirigeante américaine est issue des « meilleures formations ». Elle est caractérisée par le fait qu’elle est bobo : elle est extrêmement riche, mais elle a hérité de la contre culture de l’université (dont les pères sont les « bohèmes » français, tels que Flaubert, et leur mot d’ordre : « épater le bourgeois »).
« L’élite » française, mondiale peut-être, a repris cette argumentation. C’est là qu'apparaît le mérite. Contrairement à l’élite républicaine ou à l’élite des affaires américaines, l'élite moderne croit qu’elle doit des privilèges à son « mérite », au fait « qu’elle a travaillé dur » pour avoir ses diplômes (y compris en ne réussissant qu’après plusieurs essais, comme M.Macron). L’ancienne élite pensait, avec le gros de la population, que ce mérite lui donnait des devoirs. La nouvelle pense qu’il lui donne des droits, de se comporter en oligarque, au sens russe du terme.
Et voilà ce que le sociologue Robert Merton aurait appelé une "innovation".