En prélude à la journée internationale de la presse qui se célèbre ce 3 mai 2021, l’Ong Servitas Cameroon avec le soutien de l’Ambassade des Etats Unis d’Amérique, vient d’organiser une rencontre d’échanges sur le thème : « Contribution de la presse à la promotion du respect des droits humains et la défense des libertés fondamentales : défis et perspectives ».
Comme panélistes, Alex Gustave Azebaze senior journaliste et promoteur de AGA Média ; Dr Louison Essomba enseignant de sciences juridiques à l’Université de Douala ; Edmond Kamguia éditorialiste au quotidien la Nouvelle Expression ; puis s’en est suivi un échange houleux avec les journalistes présents, sous la coordination de Chantal Kambiwa et Angèle Ndoumbé de l’Ong Servitas Cameroon. Très vite le décor a été planté et le contexte précisé par l’Ong : c’est que, malgré la ratification par le Cameroun des différents traités et conventions internationales consacrés à la défense des droits humains, ces textes sont restés lettres mortes parce que soit ignorés ou pas du tout respectés.
Cette situation crée des inégalités au sein de la société, aggrave les violations des droits qui affectent les personnes les plus vulnérables au rand desquelles les femmes, les enfants, les jeunes, les déplacés interne des conflits ainsi que les personnes vivant avec un handicap. Cette situation limite également la pleine participation des citoyens à la vie nationale, d’où la nécessité de remédier à cette situation qui menace la démocratie et la paix dans notre pays. « Respecter les droits humains pour ensemble participer à la vie de la nation » en abrégé « Redhepvina », est le nom donné à cette activité organisée par l’Ong Servitas Cameroon, dans le cadre de la mise en œuvre du « Programme sur la promotion des Droits de l’Homme et des libertés fondamentales ».
Journalistes emprisonnés
Après avoir reconnu que les journalistes sont les premiers défenseurs des droits humains aux cotés des Organisations non gouvernementales et les avocats, Alex Gustave Azebaze relève qu’il y a des contraintes liées à l’exercice de cette profession dans notre pays ; des contraintes qui empêchent de nombreux journalistes malgré leur bonne foi, de faire ce métier comme il se doit. Ces contraintes sont liées à l’environnement économique du métier fait de précarité et de corruption, entre autres. Mais précise-t-il, « un journaliste digne de ce nom ne doit pas se laisser emporter par l’environnement qui voudrait justement l’embrigader. Le journaliste doit garder la tête haute quel que soit les situations, et c’est à ce prix qu’il sera reconnu et valorisé ». Pour le Docteur Ambroise Louison Essomba, les avancées en matière de textes sont notoires, notamment avec les lois de 1990, l’abrogation des dispositions sur la censure ; en matière sociale l’on note également les avancées en matière de succession entre l’enfant légitime et l’enfant naturel reconnu.
Cependant, précise-t-il, « malgré toutes ces avancées textuelles, l’on continue de constater des violations de toutes sortes sur le plan de la pratique des droits et libertés, notamment lorsque des agents de l’Etat invoque la loi sur le terrorisme pour arrêter et emprisonner les journalistes ». Pour l’éditorialiste Edmond Kamguia, c’est justement cette loi sur le terrorisme que le gouvernement avait tenu à faire passer au parlement malgré les nombreuses critiques, qui est le problème. Avec cette loi, le Cameroun aurait énormément régressé en matière de promotion des droits humains et des libertés. Et c’est énormément regrettable à plusieurs égards. Créée il y a une vingtaine d’années, Servitas Cameroon est une Organisation non gouvernementale qui a un statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations Unies. Elle mène ses activités de promotion des droits humains dans plusieurs pays du monde et notamment en Afrique centrale.