Magazine Culture

Beaupré, d'Éric Sautou (éd. Flammarion)

Publié le 30 avril 2021 par Onarretetout

31KftAa3yKL

Beaupré, c’est un lieu : une maison, un jardin (arbres, fleurs, feuilles, balançoire), un lac. C’est la maison de sa mère. « j’habite / seule ici et seule / je reste ». Les textes sont très courts, les mots apparaissent, disparaissent, reviennent, comme si on devait les répéter, une fois, plusieurs fois, pour qu’ils pèsent un peu de leur réalité. Ce sont bien les mots qui font le poème : ce ne sont pas les feuilles (« elles tombent »), pas les arbres (« bouleversés »), pas les choses (« elles passent »), pas les heures. « Les jours et les jours », pour dire la vie qui s’est écrite ici. Ou dite. Ou vécue. Mais maintenant, c’est trop tard, tout est fini : les fleurs, « séparées », mortes, et la balançoire (« vide »). On ne sait pas qui parle, qui s’adresse à qui : la mère, le fils ? Peut-être la même figure, « vivre est là depuis toujours avec toi / qui me ressembles », un reflet, un souvenir au fond de soi dans « une eau sombre », une eau qui sombre. Elle dit « regarde », elle dit « ferme les yeux ». Il dit « c’est moi l’enfant », ou c’est elle : on ne sait pas si le souvenir habite la pensée comme la mère habitait la maison. La maison qui était la mère, le jardin où les feuilles tombent, la sépulture  « tombeau qui n’a plus rien ». Le vide se fait de page en page, pages emplies de silence, parenthèses tantôt pour les pensées de l’un, tantôt pour les mots de l’autre. Et ce nom qui apparaît trois fois, « le seul mot qui reste », qui dit tout, la vie, la solitude, la balançoire, les arbres, les fleurs, le lac, le mot qui contient tout, le titre : « Beaupré ».


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Onarretetout 3973 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine