Il manquait des livres à lire en écoutant nos disques préférés. Des livres qui ne nous déconcentreraient pas d'une écoute attentive, mais au contraire, nous permettraient une plus grande immersion dans la musique, en y connaissant les origines, le contexte, la fabrication, la volonté sous-jacente des artistes. Depuis plusieurs années, une maison d'édition Rouennaise, Densité, sort régulièrement des petits livres qui parlent ainsi des disques. En plus, ce sont des disques souvent vénérés ici même. Cette collection s'appelle Discogonie. Le premier, c'était "Pornography" des Cure. Le dernier en date et déjà 18ème est sur "The Queen Is dead" des Smiths. Ces livres courts peuvent presque se lire le temps du disque. Ils commencent par resituer l'album dans son époque, dans la carrière du groupe ou de l'artiste - généralement, il s'agit de leur meilleur. Ensuite, le style est expliqué en détail (musique, texte, personnalités, message, look, pochettes, etc). Enfin, chaque morceau est passé au crible. On y apprend toujours quelque chose, même sur les albums qu'on croit connaître par coeur : un point de vue, une anecdote, une intention. Bref, voilà le complément idéal à toute discothèque pour tout amateur de musique rock éclairé. Mais revenons à ce qui nous intéresse présentement, "The Queen is Dead" des Smiths, sans doute mon disque préféré des années 80. On apprend qu'il aurait pu s'appeler "Margaret on the Guillotine", finalement le titre, trop explicite, sera utilisé deux ans plus tard sur "Viva Hate" le premier album solo de Morrissey. On voit donc bien le côté politique de la chose, surtout sur le premier morceau éponyme, même si les paroles de Morrissey ne sont jamais directes. Pour ceux qui ont vu l'excellent série "The Crown", de cet ouvrier anglais, Michael Fagan, qui avait réussi à s'introduire dans le palais Buckingham ("so I broke into the Palace") et discuter avec la reine, pour exprimer son mécontentement vis-à-vis de la politique menée par la dame de fer. Le but était même de venir se suicider devant elle. Il n'en fera rien, mais l'épisode avait fait grand bruit Outre Manche. Le livre permet aussi de revenir sur la noirceur du propos que la musique pop et les entrelacs de guitare de Johnny Marr parvenaient avec le temps à nous faire presque oublier : "Life is very long when you're lonely", "Never had no one ever" ou "If you're so funny, then why you're on your own tonight...".
Des artistes parlent de leur chanson préférée de l'album :