Un paysan veut creuser un puits. Il fait un trou, place une charge au fond du trou. Ça n'explose pas. Il va voir ce qui se passe. Explosion. Il ressort en piteux état. Commentaire : je devrais être plus prudent, j'aurais pu me faire mal. Voilà une histoire que racontait un collègue de mon père, pour expliquer que, dans sa campagne, on était coriace.
En fait, je ne crois pas que ce soit propre à ce coin de France. La plupart des dirigeants que je rencontre ressemblent à ce paysan. Ils vivent dans l'aléa permanent. Ils grognent sans cesse, contre tout. Mais ils se sont habitués.
Cela a une conséquence paradoxale. Ils sont à la fois très résilients et très fragiles. Très résilients parce qu'ils vivent de peu et ont de grosses ressources de débrouille. La disruption peut se lever de bonne heure pour leur faire peur. Très fragiles, parce que tout ce qui ne leur est pas familier, et c'est généralement très anodin, leur fait perdre leurs moyens.
Le plus étrange, comme me le disait un ami, c'est que, lorsqu'on leur montre qu'il pourrait en être autrement, on rencontre une totale incompréhension.