Une semaine après les obsèques de l’ex Première dame du Cameroun, des rumeurs persistantes laissent croire que la candidature du fils de l’ancien Chef d’Etat Mohamadou Badjicka Ahidjo aux prochaines Présidentielles, serait en cuisine, soutenue sous cape par certaines élites du Grand Nord.
Un front de revendication né pour exprimer le courroux de cette partie du pays contre le régime Biya. Tout a commencé il y’a un mois, précisément dans la même période où le Mouvement citoyen des franckistes pour la paix et l’unité du Cameroun (Mcfp) créé pour soutenir la candidature à la prochaine élection présidentielle, de Franck Emmanuel Biya, a lancé une vaste campagne médiatique autour de ce curieux projet. Des folles rumeurs annonçaient alors la création d’un mouvement chargé de porter des fonds baptismaux la candidature de Mohamadou Badjicka Ahidjo, le fils du feu président de la République Ahmadou Ahidjo. Baptisé le « Mouvement des Badjikaistes pour le redressement du Cameroun », ce regroupement dont les membres ne sont pas clairement identifiables, se donne pour crédo de suivre l’héritage du premier Chef d’Etat du Cameroun, dans le sillage des débats autour de Franck Biya que beaucoup présentent comme le dauphin idéal. Quelques semaines plus tard, Germaine Ahidjo rend l’âme à Dakar au Sénégal, où elle était en exil depuis plus de trente ans. Le prétexte est tout trouvé pour mettre un coup d’accélérateur dans la matérialisation de l’initiative dont les tenants et les aboutissants restent encore flous.
Soif d’alternance
Après l’inhumation de l’ex première dame, un vaste rassemblement est annoncé au stade omnisport Ahmadou Ahidjo dans les prochains jours. Si rien n’est officiellement confirmé, il se dit sous cape que des pontes du régime, originaires du Grand Nord seraient à la manœuvre, dans le dessein de démontrer au régime Biya que cette partie du pays qu’on dit abandonnée depuis l’arrivée du Renouveau au Pouvoir, a aussi des chances de prendre les rênes du pays. Entre soif d’alternance au sommet de l’Etat et désir de s’affirmer, ces défenseurs de la candidature de Badjicka Ahidjo sont déterminés à faire entendre leur voix. Porté en triomphe si ce n’est plébiscité, l’ancien ambassadeur jure n’avoir jamais été contacté pour une telle initiative. Il va d’ailleurs le réitérer lorsqu’il va déférer à une convocation de la présidence de la République où on craint que l’affaire ne s’enlise. Dans le contexte politique du Cameroun marqué par les replis identitaires et la résurgence du communautarisme politique, les nostalgiques du tout premier président du Cameroun continuent de saturer les réseaux sociaux et convoquer des messes de minuit pour mobiliser le maximum de personnes derrière cette « noble cause » pour reprendre leurs propos.
Réunis autour des valeurs d’unité, de développement et de prospérité, ce mouvement dit avoir l’aval des filles Ahidjo, excepté Aminatou qu’on accuse d’avoir accepté de jouer le jeu du pouvoir au détriment de la famille qui entretenait des rapports acrimonieux avec le successeur constitutionnel de leur défunt papa. Lui qui n’a rien entrepris en plus de trente ans de règne, pour ramener les restes d’Ahidjo au Cameroun. Joint au téléphone par nos soins, elles refusent de s’étendre sur la question, demandant poliment au reporter de les laisser faire le deuil de leur maman au nom du respect voué aux morts et à la bienséance que beaucoup d’opportunistes semblent fouler au pied.
Vengeance
Le hic, c’est que le Messager a appris qu’une autre frange d’élites du Nord qui voudrait se servir de cette situation présentée par certains observateurs comme une menace du régime, pour montrer aux apparatchiks du Pouvoir, que les fils et filles Ahidjo en ont après Paul Biya, est en embuscade. Le but de leur démarche pour le moins légitime, apprend-on, c’est de faire croire que la progéniture du premier président a soif d’assouvir sa vengeance contre l’homme du 6 novembre 1982 que le Septentrion entend d’ailleurs vomir lors des élections présidentielles de 2025.
Parmi les artificiers, le nom d’Aboubakar Ousmane Mey revient de plus en plus. Fondateur de l’Ong Justice Plus en 2014, l’homme qui n’a jamais caché son courroux contre le locataire d’Etoudi avait annoncé la création des coordinations départementales et régionales dans le cadre des démarches visant à rapatrier les restes du président Ahmadou Ahidjo. Puis en 2020, il a nommé un coordonnateur diplomatique du comité de pilotage international de l’association, dans l’espoir que son objectif serait atteint.
Biya et le Cameroun en lambeaux
S’il reste difficile de dire avec exactitude s’il est la tête pensante de ce réseau, il reste vrai qu’il a fortement contribué à la manifestation du sentiment anti-Biya dans le Grand Nord. Un combat qu’il défend et assume pleinement. « Paul Biya est sur la fin, autant nous lui devons du respect pour son âge, autant il doit être à la hauteur de l’âge qu’il porte. Nous sommes un pays fragilisé et cherchons les moyens de raccommoder le tissus social qu’il a grandement contribué à mettre en lambeaux. Il devrait plutôt se frotter les mains de ce qu’il y ait des camerounais qui se soucis de l’après Biya qui est inéluctable. Sa famille ne disparaîtra pas après sa sortie de piste, cela il le sait et eux, le savent aussi. Il serait pour eux avantageux de s’inscrire à grande vitesse dans ce processus qui de faite est un volet important de la réconciliation nationale et de maturité du point de vue humain. Vous ne pouvez pas passer près d’une quarantaine d’années au pouvoir et laisser d’aussi salles casseroles dans votre cuisine. Nulle ne l’admettrait encore moins les camerounais qui ont en souvenir la gestion de l’état totalement à l’opposé de la leur durant le règne de Ahmadou Ahidjo », arguait-il au micro du site camer.be l’an dernier. A suivre !