L’immixtion intempestive de la chancellerie dans le fonctionnement de la profession de notaire suscite des interrogations sur le caractère libéral de ce corps de métier au Cameroun.
Des actes récurrents posés par la chancellerie visant à caporaliser la profession de notaire font couler beaucoup d’encre et de salive au point où plusieurs notaires se demandent si leur profession a encore un caractère libéral. Selon notre source, la dernière illustration en date est la descente sur le terrain de la chancellerie pour le contrôle des notaires intérimaires-liquidateurs -comme on les dénomme au Cameroun un jargon inexistant dans le notariat latin- trois ans après le dépôt de leurs rapports, sans que la Chambre nationale des notaires ne soit saisie de cette initiative. Plus grave encore, depuis quelques mois après le décès de Me Some Alam Eboutou Marquise, un simple clerc qui n’est pas 1er clerc, c’est-à-dire une personne remplissant les conditions à devenir notaire, a été nommé intérimaire à sa charge ; et ceci, selon toujours notre source, sans l’avis de la Chambre nationale des Notaires. En regardant autour de nous s’agissant des autres professions comme par exemple celles d’avocats, pharmaciens, médecins, etc. l’ordre aurait attaqué l’arrêté ministériel nommant cet intérimaire.
Au regard de tout ce qui se passe au sein de la profession, un notaire qui a requis l’anonymat s’insurge pour dire «qu’il y a des moments où on se demande pourquoi la présidente de la Chambre nationale de notaires et son bureau, pour la énième fois, ne réagissent pas face à ces incongruités. N’est-ce pas une peur de recevoir les foudres de la chancellerie parce qu’elle-même et plusieurs membres de son bureau ont dépassé l’âge limite de la retraite ? C’est vraiment regrettable que de tels comportements font le lit au sein de notre profession !» Sous d’autres cieux, c’est la Chambre nationale des notaires qui s’occupe de la profession et non le ministère de tutelle qui a plutôt un rôle de régulation. A l’époque, ce ne seraient pas feu Me Mongo Mbock Philippe encore moins Me Etienne Gérard Kack Kack, présidents d’alors, qui n’auraient pas réagi à travers la grande presse.
Il est important de rappeler que le Cameroun est membre de l’Union internationale du notariat latin (UINL) depuis 1992 où Me Etienne Gérard Kack Kack, président d’alors, avait reçu l’agrément en Argentine. Etant membre de l’UINL, le Cameroun se doit de respecter à la lettre toutes les dispositions qui régissent cette organisation qui met un point d’honneur sur le caractère libéral de la profession de notaire. En réalité, la chancellerie se complaît aujourd’hui à fonctionnariser le notariat camerounais à travers ses immixtions intempestives dans le fonctionnement de la profession ainsi que cette fameuse disposition de la mise à la retraite des notaires à 60 ans sauf prorogation du Président de la République. Ce qui n’est pas être le cas dans les autres pays africains membres de l’UINL où les notaires n’ont pas de retraite. Il serait temps que les notaires camerounais cessent de baisser les bras.