Invité par Augustin Trapenard dans son émission Boomerang sur France Inter ce mardi 28 avril, Patrick Weil, fondateur et président de l'ONG Bibliothèques sans frontières, a lu le texte suivant :
Très peu de temps après la création de Bibliothèques sans frontières nous avons été confrontés, avec Jérémy Lachal, son directeur à une question difficile : pour réduire les inégalités d’accès à la connaissance et à l’information en Afrique, ne devait-on pas zapper les vieilles bibliothèques classiques, emplies de livres et se tourner directement vers la révolution technologique des liseuses de e-books, des smartphones ?
Après tout persuadées de la fin du livre papier certaines universités américaines avaient vendu leur bibliothèque à des universités chinoises.
Le débat nous agitait, nous avons décidé de le faire trancher par nos partenaires éditeurs, auteurs, bibliothécaires africains.
On a donc organisé avec eux un colloque à Paris et ils nous ont dit la chose suivante :
Un dictateur peut couper internet en une seconde, il ne peut pas confisquer, brûler tous les livres en une seconde. Le livre papier garantit mieux la liberté.
Ils avaient raison. Le goût partagé de la liberté nous fait, depuis, mettre des livres dans tous les programmes que nous développons dans le monde y compris ceux où nous déployons les plus hautes technologies.
Et voilà que cette conversation de plus de dix ans a traversé la Méditerranée et nous revient comme un boomerang.
Dans le monde d’hyper-technologie et d’hyper-connexion dans lequel nous nous enfonçons, le livre papier, le papier journal sont devenus aussi pour nous un espace de liberté. Quand vous lisez votre journal papier, ou votre livre, aucun GAFA, aucun état ne peut repérer que vous vous êtes arrêté à la page 18 ou que vous avez sauté un chapitre
Le papier, le livre-papier, c’est la liberté.