Moyen de transport le plus sollicité dans la ville de Yaoundé, les voitures de couleur jaune sont aussi des milieux de manifestation de divers accrochages.
Peut-on se passer des voitures jaunes ? Pour aller d’un point à l’autre de la ville, les services des conducteurs de taxi sont incontournables pour ceux qui ne possèdent pas de véhicule. Les taximen et leurs passagers se côtoient au quotidien. Ce rapprochement n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Il est très fréquent d’assister à des scènes de dispute, parfois même de bagarres qui trouvent leur origine dans ce que les uns et les autres qualifient d’«incivilités» ou de manque de savoir-vivre. Les plaintes sont légion ; tantôt entre conducteurs et passagers d’un autre coté entre les passagers.
A chacun sa récrimination
« La scène qui m’a le plus choqué est celle d’une dame qui a emprunté le taxi. A peine s’est-elle installée, qu’elle a déballé un paquet de porc braisé et de plantain qu’elle a dégusté. A la fin de son repas, elle a empaqueté les restes et a gardé dans son sac. Entre odeurs et indispositions, tous les autres passagers étaient stupéfaits. Que dire de ces taximen qui sont sales. Leur tenue vestimentaire laisse à désirer. « Certains chauffeurs fument au volant et rejettent la fumée sur les passagers, sans compter ceux qui mangent et balancent les déchets à travers la vitre. Il y en a qui mettent de la musique avec un volume fort au point où on se croirait dans une discothèque ou encore se transforment en conteurs. Le client n’est pas obligé de supporter les discours du chauffeur ou ses goûts musicaux », regrette le jeune Lionel.
Guy Kouamo, taximan relate : « dans ma voiture, il est affiché avertir en cas de billet. Pourtant de nombreux clients sortent des billets à destination. Parfois, il a proposé 100 ou 200 Fcfa. Que faire à ce moment ? Une autre catégorie descend du taxi avant de fouiller les poches ou le sac pour vous payer. Des passagers engagent souvent des conversations qui mettent les autres passagers mal à l’aise et distraient le chauffeur. Ils veulent même vous obliger à avoir un avis sur leurs sujets de débat. » Un autre taximan, Michel Akam renchérit : « certains passagers entrent dans le taxi en fumant. Lorsque le taximan le reprend, il se fâche, insulte et essaye de vous intimider. En vous demandant :Tu sais qui je suis ? D’autres clients, lorsqu’ils arrivent à destination, ils voudraient que vous vous arrêtiez brusquement. Si vous cherchez à bien garer, il se met dans tous
ses états et vous traite de tous les noms. »
Situation
Il n’y a pas de lois qui encadrent le comportement dans un taxi au Cameroun. Pour le président du syndicat national des employés du secteur des transports terrestres (Synester), Jean Collins Ndefossokeng, le comportement d’un taximan par rapport aux clients ne relève pas d’un texte juridique mais simplement de la morale. Toutefois, le président du Synester condamne le manque de réglementation. « Lorsqu’un taximan sait qu’il peut être identifié et dénoncé en cas de mauvais comportement, cela peut d’une manière ou d’une autre, influencer sa conduite. Malheureusement, la seule manière de se faire identifier, c’est par le badge qui est attributaire d’un fichier central à partir duquel tu peux retrouver le taximan qui a été désagréable avec toi. Le gouvernement ne fait rien pour implémenter cette position syndicale qui devait être salutaire pour les clients des taxis de
sorte qu’aujourd’hui c’est monsieur tout le monde qui se retrouve taximan.
C’est pourquoi on retrouve des personnes désagréables qui viennent faire intrusion dans la profession », se désole-t-il. Selon notre source, à l’aide d’un fichier central, un taximan qui se comporte mal ou est agressif, peut facilement être dénoncé. En le faisant, on peut le repérer. Cette approche permettra qu’il soit rappelé à l’ordre lors des prochains examens de la capacité. Des sanctions allant jusqu’à son exclusion du corps peuvent s’en suivre.