Rien du tout, ce n’est pas absolument rien, c’est plutôt le rien qui est dans le tout, le trou, le trou noir : « j’ai lu quelque part que, si chaque galaxie a pour centre un trou noir, il est possible que chaque trou noir contienne un univers ». C’est donc ce trou noir que cherche Olivia Tapiero. Un trou noir, un effondrement, d’où renaître. « Le trou se transmet dans le cœur des femmes, de mère en fille, d’une bouche à l’autre. » La dédicace à sa mère et cette phrase placent le texte du côté des femmes : la mère, la soeur, elle-même. Et l’oppose aux violences :
« je m’adresse à l’homme comme à la province
comme à la nation je m’adresse à toi à vous
qui assiégez les villes comme les femmes
les yeux fermés
en y laissant une partie de vous »
Où qu’on vive, d'où qu'on vienne, on transporte en soi, sans savoir parfois, une histoire traversée, transpercée par des violences inouïes : violence coloniale, de l’autre côté de l’océan, de la mer, violence de la guerre (« c’est peut-être la plus profonde des attaches »), violence de la maladie, violence de la peur de l’autre, violence de l'effondrement.
C’est au fond de cela, c’est dans ce vide qu’elle va : « c’est le vide qui me fait ». C’est de là que surgit l’étoile.