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Sándor Ferenczi, l'enfant terrible de la psychanalyse - de Benoît Peeters (éd. Flammarion)

Publié le 26 avril 2021 par Onarretetout

ferenczipeeters

C’est le début du XXe siècle et le début de la psychanalyse. Les premiers théoriciens et praticiens sont en Autriche-Hongrie, dans cette partie de l’Europe qui va connaître de profonds bouleversements politiques durant toute la période concernée. Les débuts de la psychanalyse ne s’ancrent pas dans une certitude mais dans des recherches, des accords et des désaccords. Quand Sándor Ferenczi prend contact avec Sigmund Freud (les mêmes initiales), il y a déjà quelques disciples, parmi lesquels Carl-Gustav Jung, que Freud, persuadé qu’il mourra jeune, pressent comme son successeur. Entre Freud et Ferenczi va naître une forme d’amitié, un rapport quasi filial de la part de Ferenczi et, réciproquement quasi paternel de la part de Freud. Cette relation va durer 25 ans, connaîtra des moments de grande proximité, de vacances passées ensemble, de voyages en commun, de correspondance abondante, et aussi de déchirements parfois. Le livre de Benoît Peeters s’appuie sur les correspondances, le « journal clinique » de Ferenczi et nous place dans une intimité amicale et intellectuelle qui n’a pu être connue que bien des années après la mort des principaux protagonistes : Sándor Ferenczi, Georg Groddeck, Sigmund Freud, Carl-Gustav Jung, Ernest Jones, Michael Balint. 

Des théories, des pratiques s’affrontent. L’auteur met en évidence ce qui caractérise les recherches de Ferenczi : les traumatismes infantiles qui ne sont pas, comme le pensait alors Freud, des fantasmes mais la conséquence d’abus sexuels, quels que soient les milieux où cela se produit, et le souci de soigner, de guérir qui l’anime bien plus que Freud lui-même. « Une cure ne peut réussir que s’il se produit réellement quelque chose dans la situation analytique, c’est-à-dire dans le présent ».

Benoît Peeters sait nous placer dans l’époque concernée, celle où la notion d’inconscient vient d’apparaître et où la pratique de l’analyse est encore mal maîtrisée. Des erreurs sont faites, des confusions. Et des rivalités, dans ces années où la guerre va rendre encore plus difficiles les échanges. Il n’y aura pas que des hommes mais aussi des femmes, en particulier deux femmes aimées, Gizella et Elma, et d’autres, parmi lesquelles Mélanie Klein, Lou Andreas Salomé, Marie Bonaparte, Anna Freud.

C’est l’histoire d’une amitié dans un contexte bien particulier, parfois douloureux, que ce soit par l’effet des évènements politiques ou par la survenue de maladies éprouvantes pour les individus et leurs proches. Le livre, qui cite le travail poursuivi jusqu’en 2012 et aujourd’hui, s’achève sur cette question : « Le temps de Ferenczi serait-il enfin venu ? »


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